Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Un nouvel élan de Psy Cause France : réunion du 12 septembre 2015

01-Fines-rochesUne nouvelle fois Psy Cause se réunit au Château des Fines Roches à Châteauneuf du Pape. Cette fois ci, les travaux sont centrés sur la nécessaire relance de la section française de Psy Cause International. Cette priorisation de l’ordre du jour a été suggérée par le Dr Jean Louis Griguer, psychiatre chef de pôle à Valence, membre de Psy Cause International et de la revue Psy Cause, organisateur des colloques à Rochegude, et par Mr Jean Louis Aguilar, art-thérapeute au Centre Hospitalier de Béziers, membre de Psy Cause International et de la revue Psy Cause, accompagné de trois cadres de l’ARAT (Association de Recherche en Art et Thérapie) dont il est le président.

 

Cette réunion est introduite par un rapide tour d’horizon des activités internationales.

 

02-photo-groupeLe N°1 d’Humanis Causa, le magazine grand public de Psy Cause Cameroun, est sur la table. Le premier colloque en santé mentale à Lomé (Togo) co-organisé par Psy Cause Togo, est évoqué. De même que le courriel du Pr Tabo nous annonçant la création imminente à Bangui de Psy Cause Centrafrique. Le N°69 sera consacré à la psychiatrie sénégalaise avec l’aide d’une subvention qui nous a été adressée par le Pr Thiam. Nous avons publié sur le site un résumé d’article sur un atelier d’art thérapie à Cotonou (Bénin). Une délégation de Psy Cause est attendue à Kinshasa. Une délégation venue de France sera à l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal les 18 et 19 septembre prochains. Plusieurs participants à la réunion ont exprimé le souhait que la Louisiane soit également concernée par notre démarche en Amérique du Nord. Le Dr Thierry Lavergne est excusé pour son absence à la réunion puisqu’il est parti en avant garde depuis deux jours à Montréal. Nous évoquons le travail de la cellule d’appui (les Drs Patricia Princet et Catherine Lesourd) qui poursuit sa mission à Madagascar et qui envisage d’organiser un voyage d’étude en Argentine où la clinique française a une place importante. Nos interlocuteurs japonais, les Drs Shigeyoshi Okamoto (co-président du congrès de Kyoto) et Kiyoshi Shiraishi, travaillent à la construction du numéro spécial Japon, à la conception duquel est associée notre chargée de mission pour l’extrême Orient, Mme Nyl Erb. Le Dr Shigeyoshi Okamoto compte nous faire parvenir un article, sur l’animisme, du Pr Kasushige Shingu, psychiatre lacanien et professeur d’anthropologie à Kyoto. Le Pr Ka Sunbaunat (président de notre congrès de Siem Reap au Cambodge) va nous envoyer un article sur « psychologie et psychanalyse dans le bouddhisme ». Le président, enfin, revient d’un repérage réalisé accompagné de sa femme en Tunisie en vue d’un congrès dans le sud tunisien en octobre 2016. Les participants à la réunion sont conscients de l’importance pour les professionnels tunisiens, dans le contexte actuel de leur pays, de réaliser ce projet, et expriment leur solidarité. Nous avons besoin de l’engagement des associations tunisiennes et nous adapterons le format au contexte de l’automne 2016.

 

Ce que l’on peut dire, c’est que Psy Cause est très dynamique en international, avec un réseau en pleine croissance, actif et motivé. Par contre, il y a aujourd’hui à faire pour relancer Psy Cause en France. Ce dont est conscient Mr Yves Chmielewski, référent de Psy Cause France, présent à la réunion.

 

Accueil de la délégation de l’ARAT

 

03-delegationMr Jean Louis Aguilar rappelle que l’ARAT a été créée en juin 2010, juste avant l’accueil à Béziers du congrès annuel national de Psy Cause en France, qui avait pour thème « L’art dans le soin ». L’association regroupe « des artistes et beaucoup d’art-thérapeutes ». Elle alterne une année l’organisation d’un colloque, et l’autre année la conférence art et folie. Mr Jean Louis Aguilar présente ensuite les membres de la délégation qui l’ont accompagné. Mme Bénédicte Carrière est art-thérapeute libérale à Montpellier, Mme Guénaelle Reynes est éducatrice spécialisée dans un IME près de Montpellier, Mme Virginie Mazière est psychanalyste et art-thérapeute dans un EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes) à côté de Béziers. Jean Louis Aguilar précise que lui même et la délégation de l’ARAT sont venus à la réunion pour apporter dans Psy Cause France des concepts et une vision du soin qui les mobilisent dans l’ARAT. L’association conduit sa réflexion autour de trois axes. Le premier axe est l’art à comprendre sous l’angle de la psychopathologie de l’expression, avec deux concepts complémentaires : l’art et la création. Le second axe est la psychanalyse qui est l’outil principal pour travailler avec la psychopathologie du patient dans la pratique de l’art-thérapie, bien que d’autres « tendances » coexistent dans l’ARAT (TCC, Jung, méditation, etc…). Le troisième axe est la psychothérapie institutionnelle, en particulier parce qu’elle est une référence dans les établissements médicosociaux de plus en plus confrontés à la présence de malades qui devraient relever de structures psychiatriques. Mme Guénaelle Reynes le constate au niveau de son travail en IME où elle est confrontée au fait que « la pédopsychiatrie ne fait plus son travail ». La logique comptable, dit-elle, fait que les malades mentaux ne sont plus sur les lieux de soins. C’est depuis environ cinq années que le changement est très ressenti. Il n’y a plus de points de rencontre au ministère et à l’ARS comme il y en avait autrefois, tellement le discours est à présent formaté. Mr Jean Louis Aguilar observe que cette situation a relancé les mouvements citoyens et le recours à l’empowerment, c’est à dire à des pressions associatives sur le pouvoir. En conclusion, la délégation de l’ARAT pense qu’il est intéressant de relancer Psy Cause France pour redonner la parole à toutes les professions de la psy.

 

Rochegude III : « Les processus de création »

 

04-GriguerLe Dr Jean Louis Griguer prend la parole pour présenter son action au niveau des colloques de Rochegude. Il nous rappelle la première Journée en mars 2014 sur les états limites et la seconde Journée en avril 2015 sur les troubles bipolaires. Ces colloques sont importants car dans le fonctionnement international de Psy Cause, la section française doit s’assurer un ancrage dans un lieu où l’on puisse se rencontrer et se connaître dans le cadre d’un rassemblement à taille humaine. La limite de 60 participants et l’organisation des espaces conviviaux dans le château de Rochegude (situé à 15 km au nord d’Orange) le permettent. Il nous rappelle également que Rochegude I en 2014 et Rochegude II en 2015, ont permis « des communications de bonne qualité et des échanges avec des participants intéressés ».

 

Le Dr Jean Louis Griguer considère donc que nous devons poursuivre cette expérience avec un Rochegude III en avril 2016. Il a pensé à la problématique de l’art qui serait une opportunité de mettre sur le métier le partenariat qui s’annonce et est un sujet actuel et mobilisateur : « il y a matière mais il faut un angle différent de ce qui a été élaboré jusqu’à présent. » Il propose de ne pas utiliser le mot « art-thérapie » dans le thème du colloque. Un consensus avec la délégation de l’ARAT s’établit sur « Les processus de création ». Le Dr Jean Louis Griguer trouve ce titre très ouvert. Il permet de parler de la création de l’artiste, du soin et même du délire comme création. On envisage 6 à 7 intervenants. Diverses propositions sont émises et un programme va être établi par le Dr Jean Louis Griguer et Mr Jean Louis Aguilar qui collaboreront dans l’organisation de Rochegude III. Les discussions sur le contenu de cette Journée en 2016 font apparaître les différences quant au travail de l’art-thérapeute. Ainsi des tenants de la psychothérapie institutionnelle, à Saint Alban par exemple, considèrent plutôt la dimension lien social de la création artistique des malades mentaux. C’est le cas également du Dr René Pandelon qui vient de prendre sa retraite après avoir longtemps dirigé les ateliers de création artistique du Centre Hospitalier de Montfavet et qui ne veut pas d’art-thérapeute dans son association. À Saint Alban, on observe une réserve identique à l’égard de la présence des art-thérapeutes. La perception de l’œuvre du patient y est de la considérer comme de l’art brut. Inventée par Dubuffet en 1945, l’appellation « art brut » désigne la création de marginaux « indemnes de toute culture ». Cette terra incognita, qui s’ignorait elle-même jusqu’à ce que le peintre français en définisse les contours, est d’abord née dans le creuset des asiles psychiatriques. (Lire l’article de Jean Louis Aguilar sur ce sujet dans le blog de l’ARAT : Blogart’blogueur). Cette démarche est à l’opposé du travail de Gisela Pankow qui considérait l’objet créé comme un médiateur thérapeutique entre le patient et le psychothérapeute. C’est toute la question du sujet et de l’objet dans le soin.

 

Parmi les suggestions de communications, notons celle de Mme Bénédicte Carrière sur le clown, elle même étant clown hospitalier. Il est suggéré une table ronde sur Rimbaud avec, entre autres, les deux auteurs biterrois de l’article sur ce poète qui est paru dans le N°68 de Psy Cause (Fatiha Djilali-Messaoud et Bernard Guiter). Nous pourrions également solliciter le Dr Moïse Bénadiba pour une communication sur la bible et le soin dans le cadre du concept de création. Une table sera installée pour présenter les livres écrits par des intervenants.

 

La matinée de travail s’achève par le choix de la date de Rochegude III : le samedi 9 avril 2016.

 

05-RepasLes échanges se poursuivent lors du déjeuner. Nous levons notre verre aux 20 ans de la parution du N°1 de la revue Psy Cause (presque jour pour jour en septembre 1995).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Relance du courant de la psychothérapie institutionnelle dans Psy Cause France

 

06-GuenaelleDans le cadres de nos discussions sur la relance de Psy Cause France, le constat a été fait que le courant de la psychothérapie institutionnelle qui était très présent dans une première période de l’histoire de notre association, s’est quasiment éteint, ce qui est regrettable. Si la psychothérapie institutionnelle qui, il faut le rappeler, à quelque moment que ce soit dans son histoire, a toujours été minoritaire dans le monde hospitalier français, a beaucoup reculé en psychiatrie, en particulier depuis les cinq dernières années, elle inspire aujourd’hui un grand nombre d’institutions médicosociales, comme le fait observer Mme Guénaelle Reynes : « lorsque la prise en charge est compliquée, il faut être plusieurs. Il est alors nécessaire de créer des espaces de rencontre. » Mme Guènaelle Reynes accepte la mission, au sein de Psy Cause France, d’être la coordonatrice et la personne contact d’une relance du courant de la psychothérapie institutionnelle. Cette relance pouvant passer par la création d’un groupe de recherche et de discussion dans l’association.

 

Cette question du travail en équipe pluridisciplinaire pour mieux appréhender ce qui se joue avec le patient et la réponse la plus pertinente que chacun devra apporter, est un apport conceptuel de la psychothérapie institutionnelle qui est toujours actuel et qui intéresse entre autre, les professionnels canadiens au niveau de Psy Cause.

 

Articles d’actualité dans Psy Cause

 

Mr Jean Louis Aguilar est venu avec le N°50 de la revue Psy Cause (octobre/décembre 2007) qui présente dans sa rubrique « Actualité scientifique méditerranéenne et occitane » un reportage sur les vingt deuxièmes rencontres de Saint Alban. Il souhaite que cette rubrique fasse retour dans la revue. Le Dr Jean Paul Bossuat lui répond que le développement d’internet depuis cette époque amène désormais à publier les reportages sur notre site. Et bien entendu nous sommes preneurs de comptes rendus qui nous seraient adressés.

 

À la clôture de notre réunion de ce 12 septembre, Mr Jean Louis Aguilar donne son accord pour être référent de l’art-thérapie au sein de Psy Cause. Nous remercions l’ensemble de la délégation de sa venue depuis Béziers et Montpellier et de son engagement dans le développement des activités de Psy Cause France.

 

Jean Paul Bossuat

Écrire les chiffres et les lettres apparus ci-dessous, dans le rectangle en dessous