Tunisie : l’ALiCA et la liberté de la presse
Nous avions écrit dans ce blog le 9 juin 2011, la solidarité de Psy Cause avec la démarche de l’Association pour la Liberté et la Citoyenneté Active (ALiCA) fondée en avril 2011 et présidée par un psychiatre tunisien de Sousse, le Pr Ben Hadj Ali. L’ALiCA a pour objectif de soutenir le changement démocratique en Tunisie.
Dans un courriel destiné aux membres de l’ALiCA et reçu par le directeur de la revue Psy Cause le 10 janvier 2012, le Pr Ben Hadj Ali écrit : « Peu importe notre tendance politique qui est obligatoirement multicolore dans une démocratie, nous ne devons cependant, en aucun cas, accepter la dépendance des médias. La survie de notre démocratie naissante dépend de la liberté de la presse et de l’indépendance de la justice. Notre révolution n’a jamais été pour une idéologie ou un parti mais pour la liberté et la dignité. Alors tous, nous devons soutenir la liberté de la presse et des journalistes si nous tenons à la réussite de notre révolution. Moi, je soutiens vigoureusement l’action du syndicat des journalistes qui enfin bougent pour garder leur indépendance et je peux dire que je suis enfin fier de nos journalistes comme je suis fier de notre peuple. »
La veille, après un sit-in à l’appel de leur syndicat, les journalistes obtenaient du premier gouvernement démocratiquement élu la suspension des nominations des rédacteurs en chef de journaux relevant du service public, et du directeur de l’information de la télévision nationale, ainsi que le principe des élections au sein des médias concernés, pour pourvoir l’accès à ces fonctions. Voilà en effet un bel exemple de démocratie, exemple valable pour nos démocraties occidentales, que nous ont donné les journalistes tunisiens ainsi que le gouvernement issu de l’assemblée constituante élue dans la première élection libre du 23 octobre 2011. La Tunisie est désormais dotée d’une majorité qui gouverne, d’une opposition qui s’oppose et de syndicats qui expriment leurs revendications. C’est à dire une configuration qui avant la révolution tunisienne, était inimaginable dans le monde arabe.
Jean Paul Bossuat