Séminaire N°6 de Psy Cause Cameroun : le diabète entre santé mentale, santé publique et politiques de santé au Cameroun
Le lien entre la santé publique, les politiques de santé et le diabète n’a jamais ou presque pas été établi dans les sciences biomédicales ou en psychologie. La santé mentale des femmes et des enfants diabétiques sont aussi peu prise en compte. Pourtant cet aspect de la santé est nécessaire pour assurer aux patients une qualité de vie meilleure. Psy Cause Cameroun ouvre sa série de séminaires pour 2014 par cette problématique complexe qui sous-tend la lutte contre la « maladie du sucre ». Maladie dont les dérives ne sont plus à démontrer tant au niveau individuel que familial et même social. Les femmes et les enfants en sont les principaux concernés au vu du nombre de consultations cliniques qui s’opèrent à Psy Cause Cameroun. Les femmes portent vers les consultants leur propre santé, celle de leur mari et de leurs enfants diabétiques. Une famille où presque tout le monde est malade du diabète.
L’alimentation du diabétique par exemple, reste associée à de nombreuses contraintes qui le stigmatisent et construisent autour de lui une relation d’exclusion qu’il n’aurait jamais souhaité. La prévalence du diabète au Cameroun va croissante alors que les programmes de santé publique et les politiques de santé ne suivent pas le même rythme ; et pour preuve, l’Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples de 2011 au Cameroun ne prend pas en compte le diabète, mais s’intéresse à la polygamie, au statut socio-économique des individus et au VIH. Le diabète fait ainsi figure de parent pauvre quand nos pauvres parents passent de vie à trépas. Que peut-on savoir sur les politiques de santé publique et le diabète ? Comment le diabétique est il psychologiquement atteint lorsqu’il découvre son nouveau statut de malade ?
Winnie Estelle Marie Nkana Yiki et Jocelyn Doumtsop ont tenu l’auditoire sur ces questions. Francesca Bruno, de nationalité Italienne et Adeline Tosch, de nationalité Française étaient au rendez vous.
L’histoire de la santé publique plonge ses racines dans la plus haute antiquité car de tout temps, l’homme a tenté de se prévenir collectivement contre les maladies et le décès prématuré en luttant contre diverses épidémies et les agressions de l’environnement.
La santé publique peut être définie de diverses manières. On peut en effet la définir comme l’étude d’une part, des déterminants physiques, psychosociaux et socioculturels de la santé de la population et d’autre part des actions en vue d’améliorer la santé de la population.
On peut aussi rappeler une ancienne définition de Charles-Edward Winslow publiée dans la revue sciences en 1920 qui dit que « la santé publique est la science et l’art de prévenir la maladie de prolonger la vie et de promouvoir la santé et l’efficacité physique, à travers des efforts coordonnés de la communauté pour l’assainissement de l’environnement, le contrôle des infections dans la population, l’éducation de l’individu aux principes d’hygiène personnelles, l’organisation des services médicaux et infirmerie pour le diagnostic précoce et le traitement préventif des pathologies, le développement des dispositifs sociaux qui assureront à chacun un niveau de vie adéquat pour le maintient de la santé, l’objet final étant de permettre à chaque individu de jouir de son droit inné à la santé et à la longévité ».
Partant de cette dernière définition, un comité de l’OMS à souligné, en 1952, l’importance qu’il convenait d’attacher à l’éducation sanitaire individuelle et collective, mais il a tout autant été frappé par l’élargissement des conceptions se rapportant à l’administration de la santé publique. Cette évolution nécessitant l’intégration au système unique de toutes les branches de l’action sanitaire. La santé publique met davantage l’accent sur la prévention ; elle développe une approche de populations, qui peut par ailleurs s’exprimer selon les pays par la conception d’une politique publique spécifique : la politique de santé publique. Cette dernière orientée sur le diabète au Cameroun, nous amène à réfléchir sur les relations qui existent entre santé mentale, santé publique, diabète et politiques de santé, ainsi que la place des femmes et des enfants au niveau des complications et des troubles psychiques.
Le diabète est la présence d’une hyper glycémie chronique de degré variable dû à une insuffisance de la sécrétion ou de l’action de l’insuline pouvant entraîner à long terme des complications. On distingue deux types de diabète : le diabète de type I à juvénile, et le diabète de type II à diabète de mortalité. Le Dr Ndonko Peguy pense que cette typologie est discutable et ajoute le diabète gestationnel et que jusque-là, on peut donner la typologie en fonction de certains facteurs qui sont liés à cette maladie. Cette maladie est donc due à plusieurs facteurs :
– les facteurs génétiques : maladie multi génétique,
– les facteurs alimentaires : repas trop riche en calories, graisse saturée et en sucre (obésité),
– les facteurs environnementaux : la sédentarité ; l’absence d’activité physique.
C’est en 1994, que le groupe HOPTR (Cameroon Health of Population in Transition Reseach Group) réalise la première enquête épidémiologique en utilisant des méthodes standardisées à l’échelle Internationale pour étudier l’émergence du diabète. A cette époque, la prévalence était faible (environ 1%). Plus tard l’enquête STREPS 2004 (Statiscal Education Twargle Problem Solving) relève une prévalence de 6%, ce qui va alerter les décideurs nationaux et entrainer la reconnaissance du diabète comme problème de santé au Cameroun. D’où l’élaboration d’un programme national de contrôle du diabète et de l’hyper tension artérielle (HTA).
La réponse du gouvernement camerounais au processus croissant du diabète a été favorable grâce à une politique durement menée :
– intégration du diabète et des maladies non transmissibles dans le programme stratégique sur 40 ans pour la santé,
– signature de la convention avec Lifescan pour la fourniture des tests de la glycémie et de consommable à prix réduits,
– pleine participation de gouverneur aux célébrations de la journée mondiale du diabète,
– élaboration du programme national du diabète (une attente d’adoption),
– 2005-2006 : adoption du programme national du diabète, début de la crise à l’œuvre.
Le programme national du diabète a pour but de promouvoir l’accès équitable à des services de santé de qualité afin de réduire la morbidité et la mortalité liées à cette maladie au Cameroun, avec comme stratégie le renforcement des capacités de gestion du diabète dans les domiciles et dans les services de santé.
Après l’exposé de Winnie Estelle Marie Nkana sur le lien de la santé publique et le diabète, Jocelyn Doumtsop regarde la souffrance du diabétique d’un œil psychologique ; souffrance qui affecte jusqu’au niveau de la prise en charge. Pour lui le diabète nécessite certaines contraintes : contraintes alimentaires, contraintes thérapeutiques et contraintes de l’hygiène de vie. Le sujet malade face à ces contraintes nécessite une reprogrammation, un reconditionnement sur le plan mental. Il sera également face à une nouvelle alimentation aux règles contraignantes et désorganisatrices : la nouvelle alimentation désorganise le système hormonal ; désorganise le plan culinaire de la famille et désorganise son rythme de vie. Si l’affection est grave (amputation), il porte en lui un handicap, état pas très aisé à accepter. Ce trauma peut amener la mort ; il faut dont l’intervention d’un psychologue qui amène la vie et le malade en vie peut s’en sortir en cherchant à réduire la pression des questions existentielles. Le diabétique est un sujet vulnérable et cette vulnérabilité dépend du type de personnalité dont il fait montre. Le travail du psychologue est de classer le patient selon sa personnalité (voir les types de personnalités avec Freud) et comparer avec les types de personnalités africaines avec Meinrad Hebga ou Ibrahim Sow. Il faut alors faire une reconstitution Freudienne de l’individu : est-il à l’état de névrose, à l’état de psychose ou dans les « états limites ». La question des états limites sera discutée par Jocelyn Doumtsop au Château de Rochegude (près d’Orange) en mars 2014 lors du congrès de Psy Cause France.
Dans ces états, le diabétique vit un choc qu’il transfère au sein de la famille. Ce choc systémique peut alors traduire le degré d’angoisse manifesté par l’individu, lequel peut s’enfoncer davantage dans le trauma. Si rien n’est fait, le malade va adopter de nouvelles attitudes ; il peut se révolter contre la vie ; il peut accepter de supporter tout ce qui lui arrive ou manifester un déni (renoncer aux soins). La maladie modifie ainsi la personnalité de l’individu qui traverse une instabilité émotionnelle. Mais il peut aussi bénéficier de la maladie « les bénéfices de la maladie ». Il peut être choyé toute la vie ; adopter des conduites perverses ou des conduites répressives.
L’orateur propose juste avant le débat avec le public plusieurs thérapies à savoir une thérapie familiale ; une psychothérapie de profondeur et une approche des résiliences. Dans la résilience, il évoque l’amour et propose pour reprendre les termes de Boris Cyrulnik que le diabétique M. Peurdelamort doit bénéficier de l’affection de Mme Jaimelavie.
Le Dr Ndonko peguy dont les recherches en physiologie végétale lui permettent aujourd’hui et ce depuis un certain nombre d’année de soigner le diabète, lie l’échec des traitements à l’insuffisante de la consultation clinique. Les consultants ne vont pas loin dans leurs enquêtes cliniques, ils ne font pas le lien entre la maladie et le climat hormonal du malade ni même évaluer le stress. En exigeant que les diabétiques viennent en consultation et discuter de leur maladie, il pense que le soignant doit avoir une idée sur la constitution individuelle du patient. Il y a un travail à faire pour les femmes et les enfants. La formation des pairs éducateurs en cours à Psycause Cameroun tiendra compte de l’approche femmes et enfants diabétiques.
Question de M. Zanga Géraud : quelle alimentation pour le diabétique puisque presque tous les aliments contiennent du sucre ?
Le Dr. Ndonko Péguy répond que le diabétique doit suffisamment se nourrir en quantité et en qualité pour ne pas perdre ses substances énergétiques. Lors de la consultation, nous indiquons quelques restrictions alimentaires aux patients pendant le traitement. Le diabétique peut tout manger sans exagération. Un traitement efficace le requinque en peu de temps. Cette explication est accompagnée par l’argument d’Adeline Tosch qui voit la question d’équilibre alimentaire du diabétique tandis que Francesca Bruno évoque la formation du personnel de santé qui pose problème au niveau du suivi des malades.
Des questions d’ordre méthodologique ont été posées aux orateurs du jour ; lesquelles étaient discutées en fin de séance. A huis clos, il a discuté avec ses hôtes des projets de recherche en cours pour 2014 et les perspectives d’avenir.
Péguy Ndonko
Bonjour à vous
merci beaucoup par rapport aux informations fournis car beaucoup de personnes ignorent l(origine de cette pathologie sans cesse croissante dans notre pays et surtout la prise en charge.
Ce que j’aimerais connaitre sil vous plait c’est la prévalence de cette pathologie actuellement au CAMEROUN.
Merci bien
ETHELLE
Depuis que je suis diabétique il y a 9 ans, j’ai eu d’énorme problème de foyer, ma femme me manquait du respect, je la voyait aller avec les autres hommes sous mes yeux et je voulais me suicider, quelqu’un m’a indiqué le bureau de psycause et je suis parti , le Docteur m’a beaucoup parlé pour m’encourager, il m’a mis un parfum au narine qui sentait trop bon, après il me dit que voilà comment la vie est belle, ne meurt pas , parce que tu as les enfants. Il m’a dit qu’il va me donner le remède pour que mon pays bas se lève. Ma glycémie était à 7,7 et je prenais les remèdes depuis, il m’a donné son remède et chaque jour que je buvais, je me sentais fort, actuellement, mon dernier examen dit que je suis à 1,2 et mon corps se lève déjà bien, je vois bien maintenant plus que avant, je mange presque tout ce qu’on m’avait interdit. Mon frère, je voudrais te dire ma reconnaissance et j’ai lu avec intérêt votre magazine qui parle du diabète. Maitre John, Obili à Yaoundé.
Je suis diabétique depuis 2009, je prenais déjà l’insuline deux fois par jour, quand je suis venu ici, le docteur m’a dit de ma donné la composition d’une nourriture à manger 3 fois par semaine, puis réduise la dose de l’injection de l’insuline à une fois par jour, puis une fois tous les trois jours, puis une fois toute les semaine, quand j’ai fait une sauté une semaine sans prendre et sans être fatigué, il m’a dit d’arrêter l’injection pour un moment, il m’a donné un produit, après un mois, j’ai fait le contrôle et j’étais à 1,17 de taux de glycémie. La santé n’a vraiment pas de prix. M. Moumbé Joseph Marie.