Séminaire N°3 de Psy Cause Cameroun : Nouvelles technologies de procréation et infertilité au Cameroun
Ce séminaire qui se déroule le 27 octobre 2013 dans le local de Psy Cause Cameroun à Yaoundé, a pour objet la réponse des chercheurs du Laboratoire Psy Cause Cameroun à l’appel à communication parvenu dans notre siège au mois d’août 2013 sous le thème : « Technologies de la procréation et mondialisation : dispositifs, savoirs, expériences en Afrique Sub-saharienne ». Parmi les propositions, celle de Jocelyn Doumtsop a été retenue. Il se rendra donc à Paris du jeudi 12 décembre au Vendredi 13 décembre, à Université Paris Descartes, Amphithéâtre Vulpian, 12 rue de l’école de Médecine, 75006 Paris, pour présenter son travail qui porte sur : « La question du père et de la transmission du sang dans le recours à l’AMP (Assistance Médicale pour la Procréation). Étude d’ethnopsychiatrie à Yaoundé ». Il intervient ainsi dans la session 5 : Nouvelles technologies de reproduction, filiation et conjugalité, session présidée par Enric Porqueres I Gené, directeur d’études à l’EHESS.
Autour des autres chercheurs du Laboratoire, Jocelyn Doumtsop a fait lors de ce séminaire N°3 une esquisse du plan provisoire de son travail. Le travail en groupe a alors permis à l’orateur du jour de voir des pistes qu’il n’avait pas abordées sur la question de la procréation, notamment la dimension éthique et juridique.
La question des technologies de la procréation apparaît dans les années 80 et arrive au Cameroun en 1995 par le biais d’un laboratoire Européen. Cette nouvelle technologie met en place quatre types d’intervention :
1- sur des ovules trop opaques à cause de carences chez les femmes, et sur la malformation chez les hommes.
2- Formation de l’ovule chez la femme, qu’on fixe dans l’ovaire.
3- Prise de spermatozoïdes à l’extérieur et fusion avec l’ovule d’une femme (insémination).
4- Fécondation in vitro.
Les premiers résultats de l’étude conduite dans le cadre de Psy Cause Cameroun, ne peuvent pas encore être présentés ici avant la fin de la recherche de terrain qui se poursuit en ce moment, ni même avant le colloque de Paris. Mais il faut noter que, deux mois avant cet appel à communication, les chercheurs du même laboratoire avaient traité ce genre de sujet en rapport avec la psychopathologie. Une étude complète qui sera publiée dans la revue Psy Cause.
Mme X…, invitée au séminaire, témoigne que depuis 6 ans, elle était en quête d’un enfant et avait eu recours à plusieurs inséminations qui avaient toutes échoué, que ce soit en Afrique du Sud, au Cameroun, au Canada. C’est finalement un chercheur qui a résolu son problème d’infécondité. Elle dit avoir de nos jours 2 enfants grâce à des techniques africaines efficaces. Elle souhaite même que les chercheurs sortent de l’ombre pour aider les couples qui souffrent alors qu’ils ont des solutions dans leur poche.
L’anthropologue médical Peguy Ndonko prend la parole et dit que la santé de reproduction constitue encore l’une des priorités des politiques de santé publique. Malgré la forte fécondité observée dans les pays en développement depuis des décennies, une part importante des couples a connu et connait encore des problèmes de procréation. Le Cameroun reste un pays marqué par une forte fécondité comme de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. L’enquête démographique et de santé réalisée en 1998 met en évidence le taux de fécondité avec 5,2 enfants par femme. Ce taux reste en effet élevé. Jusqu’en ce début du 21e siècle, les pays d’Afrique au Sud du Sahara demeurent parmi ceux du monde où le taux d’accroissement naturel de la population est plus élevé, conséquence de la baisse rapide de la mortalité et du maintien de la natalité à un niveau encore important. Au cours de la décennie 70, cette forte tendance oblige les politiques à vouloir maîtriser la fécondité. C’est ainsi qu’en 1976, au lendemain de la conférence de Bucarest, on estime le taux de fécondité à une moyenne de 6 enfants par femme au Cameroun, or le gouvernement considérait son niveau de fécondité comme trop faible et n’avait aucune politique d’intervention en faveur de la croissance de la population ou de limitation de naissance. Après la conférence de Mexico en 1986, la Cameroun change de position, estimant le taux de fécondité trop élevé, mais n’adopte aucun programme d’intervention. Après vingt années de croissance soutenue, le pays connaît en effet à partir de 1986-1987 une crise économique dramatique qui favorisera une prise de conscience accrue des problèmes de population, d’où l’entrée en vigueur de méthodes de contraception, de la multiplication des centres de planning familial qui distribuent des préservatifs masculins et féminins. Malgré cela, les problèmes d’infécondité persistent.
Les problèmes d’infécondité, bien qu’ayant été perçus depuis le début du XX° siècle (Anne Laurentin Retel, 1996), n’ont fait l’objet de synthèses spécifiques qu’à partir des années 60. Au lendemain de cette décennie, Romaniuk (1967) écrit sur cette question au Congo belge et surtout Laurentin Retel (1956, 1996) chez les Nzakara de la République centrafricaine et les Bobo-Oulé de Burkina Fasso pour réaliser l’étendue de l’infécondité dans certaines régions d’Afrique. Les travaux menés auprès des Bobo-Oulé vont s’avérer particulièrement importants. En effet, rapporte cette auteure, en 1953, soupçonnant un foyer de maladies vénériennes, le service médical des grandes endémies, a fait pratiquer en 1956 une enquête épidémiologique comprenant la réalisation de dizaines de milliers d’examens sérologiques. Il fut alors mis à l’évidence que chez les Nzakara, l’infécondité s’accompagne de taux insoupçonnés de fausses couches et de mort-nés (puisque moins d’une grossesse sur deux aboutissait à la naissance d’un enfant vivant) ; qu’elle est liée à des maladies, au premier rang desquelles figures les maladies vénériennes. Les examens sérologiques avaient mis en évidence la présence d’une tréponématose chez un adulte sur deux. Un traitement systématique par pénicilline fut alors réalisé, malheureusement interrompu en 1957, faute de crédits. Or, depuis cette date, les recensements périodiques témoignent d’une augmentation du nombre d’enfants : la proportion d’enfants de moins de 15 ans, inférieure à 30% en 1955, a régulièrement augmenté dans la plupart des villages ayant bénéficié du traitement.
Le Dr Peguy Ndonko pense par ailleurs que l’infertilité peut avoir une dimension culturelle qui échappe à l’entendement du couple et insiste sur le fait que les africains ont négligé les ressources médicamenteuses africaines pour se fier à des médicaments venus d’ailleurs qui n’ont aucune relation avec leur identité, leur culture, leur sol. Or en manifestant devant un ancêtre votre désir d’enfant, il peut vous indiquer une herbe, un « homme-herbe » qui puisse vous sortir des carcans de la dépression. Les cultures africaines sont encore digne d’intérêt, ne les négligeons pas.
Dr Peguy Ndonko
Anthropologue médical
Le positionnement de Psy Cause Cameroun m’a depuis le début interpelé. Il n’est en effet pas habituel qu’une organisation scientifique qui se réfère à la psy (Psy Cause, la cause de la psy, les psys qui causent, la cause qui cause …), qui se rattache à un ensemble fondé par des psychiatres, soit dirigée par un anthropologue. L’anthropologie médicale permet incontestablement de mieux adapter des programmes de prévention ou d’amélioration d’une observance du traitement. Mais l’équipe de chercheurs de Psy Cause Cameroun ne s’en tient pas là. Le travail sur l’Assistance Médicale pour la Procréation qui est évoqué dans ce texte est tout à fait représentatif des spécificités du champ d’investigation de cette équipe. En premier lieu, la communication qui sera faite dans l’amphithéâtre Vulpian en décembre prochain est présentée par un psychologue clinicien, adjoint de l’anthropologue Peguy Ndonko. Le lien entre la psychologie clinique et l’anthropologie médicale est affiché d’entrée. Nous nous rendons compte très vite qu’il ne s’agit pas seulement d’une histoire d’ovules opaques ou de spermatozoïdes paresseux, et de techniques purement physiologiques de fécondation. L’auteur nous guide vers l’efficacité symbolique, la puissance de la psyché dont nous savons qu’elle peut être la cause d’authentiques stérilités qui mettent en échec la médecine et dont des remèdes traditionnels qui ont une histoire et du sens peuvent venir à bout. Pour lui qui appartient à la culture africaine, l’anthropologie n’est pas seulement descriptive, elle peut être appliquée au service de personnes en souffrance.
Sa démarche n’est pas seulement explicative, en tout cas ce n’est pas ce qui est au premier plan dans cette présentation de son séminaire. Il est bien établi en Afrique subsaharienne, et ce depuis les travaux de l’école de psychiatrie de Dakar, que le psychiatre puisse collaborer avec le « tradipraticien » qui n’est autre qu’un chamane, qu’un sorcier dont le champ d’action est d’instrumentaliser des croyances culturelles. Ce que l’on appelle l’efficacité symbolique. Or Psy Cause Cameroun explore une voie tout à fait novatrice puisqu’il s’agit de conduire une recherche pour fonder des thérapies scientifiques spécifiquement africaines selon une méthodologie qui rappelle par bien des égards ce que nous avons entendu au Cambodge lors de notre congrès de Siem Reap en novembre 2012. La dichotomie médecine occidentale/pratiques magiques dans le domaine de l’efficacité symbolique, pourrait laisser la place à une troisième voie en devenir. Il m’a fallu du temps pour saisir l’enjeu et comprendre en quoi l’approche de Psy Cause Cameroun m’interpelait dans mes propres repères. Nous avons créé Psy Cause pour cela : faire émerger un espace où la nouveauté puisse s’exprimer.
Enfin, pour terminer, je dis bravo à l’anthropologue Peguy Ndonko de nous amener par le thème de son séminaire à nous interroger sur le « réel » du psychisme humain par lequel nous sommes là au cœur de l’existence, de ce pour quoi nous sommes sur cette planète. Il y a quelque chose de l’ordre de l’indicible à la manière du célèbre tableau de Courbet qui fit scandale : « L’origine du monde ».
Dr Jean Paul Bossuat
Nous avons eu un enfant grâce au Docteur de psycause, je suis allé lui présenter mon bébé avec mon mari, j’ai heureuse de faire un don pour encourager la recherche. Si quelqu’un veut mon témoignage, il peut passer là-bas, j’ai écrit dans leur cahier d’or. Sidonie, Douala.
Salut, j’ai consulté le site de psycause à travers le magazine qu’on a laissé dans notre laboratoire d’analyse médicale. Je me suis mis à chercher dans la machine pour comparer les résultats des patients qui venaient chez nous à travers psycause. J’ai un examen d’échographie d’une dame qui avait les kystes et l’examen de contrôle montre qu’il n’ya plus rien après traitement. J’ai un spermogramme en nécrospermie, l’examen de contrôle montre que le patient a une viabilité de spermatozoïde à 70%, j’ai un PH élevé à 11, le retour d’examen donne 5. Moi j’admire ce genre de travail et avec le temps, la recherche va résoudre beaucoup de problèmes des patients. Bernard, Bertoua