Psy-Cause a été fondée en 1995 par Jean-Paul Bossuat, psychiatre des hôpitaux à Avignon, et Thierry Lavergne, psychiatre des hôpitaux à Aix en Provence, pour promouvoir la théorisation de la pratique de terrain en santé mentale, et contribue aujourd’hui à faire savoir les savoir-faire des psy du monde entier

Séminaire N° 8 de Psy Cause Cameroun : le viol et l’inceste au Cameroun : une pratique sournoise et occulte !

« J’ai été violée à l’âge de 13 ans par mon oncle. J’étais allée en vacances chez lui et un jour sa femme a voyagé, il est rentré le soir me réveiller du lit, il m’a donné un yaourt et j’ai bu.  Quelques temps après, je me sentais fatigué et il a commencé à me déshabiller en me proposant de me laver à la douche pour me donner un peu de force, il m’a déshabillé et il m’a mise au canapé, il m’a bien pénétré, je sentais mal, mais je supportais (elle éclate en sanglot). Après cela, il m’a acheté des habits, des cadeaux, j’étais fière de lui et il m’a dit de ne rien dire à personne car il peut me donner tout ce que je veux, il me couchait alors régulièrement, il m’amenait parfois loin de la maison le week-end quand sa femme est là et en rentrant, on fait des achats pour la maison. » Carole X, 21 ans, Yaoundé. Enquête de terrain réalisée le 13 janvier 2014 à Yaoundé.

 

01-Les-etudiants-vont-en-guerreLe viol et l’inceste se sont érigés en institution au Cameroun et fonctionnent de façon silencieuse dans les familles les plus nombreuses aujourd’hui. Il est encore très courant d’entendre qu’un homme a épousé deux sœurs pour des raisons de préservation des liens d’alliance dans le cas où la première épouse ne ferait pas d’enfant. Il est encore dit que dans certaines cultures, la belle-mère entretient des rapports sexuels avec son gendre avant le mariage, question de tester la virilité de ce dernier, ce qui constitue une des conditions du mariage. Il existe dans les cultures les plus diverses des façons différentes de commettre l’inceste et plusieurs raisons de commettre le viol sur les femmes, les filles et même les hommes ou les garçons. Le viol ou l’inceste a des conséquences sur les victimes. Claude Lévi-Strauss pense que cette interdiction fait ressortir le principe de « l’unique par l’unique » ; du « même au même » ou de la « mêmeté ». Il faut revenir sur la Loi de l’inceste telle qu’élaborée par Lévi-Strauss. Il s’agit d’imposer la Loi de l’opposition, de la différence nature/culture. Ce phénomène est suffisamment étendu et varié pour mettre en évidence une pluralité de processus psychosociaux. Ce séminaire vise à informer et sensibiliser le public au sujet de telles pratiques malveillantes.

 

Face à un cas de viol, le corps médical adopte, vis-à-vis de la victime, deux conduites distinctes :

– l’examen médico-légal ; l’examen clinique établit l’inventaire des marques de violences et reconnaît la réalité du viol. De cet examen pourrait naître une épidémiologie descriptive qui définit au mieux le profil de la victime et les facteurs de risques pour ce crime, et les considérations psychologiques auparavant systématiques et dont l’avantage essentiel est de ne pas entériner cette suspicion du discours d’une femme suspecte et déshonorée d’avoir suscité une pulsion libidinale ;

– les symptômes, présentés par les victimes après tels actes de violence sexuelle, affectent aussi bien l’état physique et psychologique, que la capacité de réintégration sociale de l’individu.

 

02-Une-projection-videoEn regardant le documentaire, on peut situer le profil psychopathologique des victimes autour de trois entités nosologiques en fonction du décours temporel : l’anxiété, la dépression et l’altération du fonctionnement social. Les victimes du viol peuvent passer par des moments essentiellement d’anxiété et de phobie qui apparaissent individualisables au lendemain du viol, mais qui, au fil du temps, persistent. La dépression marque une plus grande évolutivité et variabilité. La symptomatologie rapportée, significativement élevée quelques jours suivant l’agression, devient maximale durant peu après, avec un paroxysme où des victimes présentent un état dépressif majeur. La quotidienneté de la victime connaît des perturbations dans le domaine socioprofessionnel les jours suivant l’agression, essentiellement à type d’inadaptation et de sentiment d’insatisfaction. Dans le domaine familial, le retentissement est ressenti de façon beaucoup plus prolongée puisque identifiable peu de temps après. Il en est même au niveau du comportement sexuel avec le développement de sentiment d’insatisfaction sexuelle. Hortense Pascaline Mayou dans sa thèse projette son regard sur les conséquences du viol et de l’inceste en rapport avec le VIH/Sida. Les études sur le VIH illustrent le rôle de la psychologie aux différents stades de la maladie. En effet, les facteurs psychologiques sont importants non seulement par rapport aux attitudes, aux croyances concernant le VIH et au comportement conséquent, mais aussi par rapport à la vulnérabilité de l’individu à ces maladies. Les maladies comme le Sida qu’on peut contacter forcément au cours d’un viol peuvent avoir de graves répercussions psychologiques aboutissant parfois à plusieurs formes de discriminations : celles-ci sont de deux orientations : une discrimination liée au regard que la société porte sur ces malades et une autre relative à la perception que le malade se fait de lui-même (auto-discrimination).

 

Les souffrances dont sont victimes les personnes violées ou incestueuses s’étalent sur les plans physique, psychique, somatique et même transgénérationnel. Sur le plan physique, les conséquences sur la santé de la victime sont perceptibles : elle a les maladies du dedans (IST) (Inside desease) et les maladies du dehors (infortune, malchance) (Outside sickness). Quoi qu’il en soit, il faut lire dans la perspective médicale les conséquences du viol sur les victimes. Dans la série des conséquences, on peut noter la détérioration des organes génitaux qui sont encore immatures pour les petites filles ; la transmission des IST (Infection sexuellement transmissible) qui oblige souvent le personnel médical à mettre les victimes sous traitement. Les grossesses non désirées qui peuvent aller jusqu’à invalider non seulement la scolarité mais la vie de la victime. Des filles tombées enceintes à la suite d’un viol, seulement un tiers, soit 31% a eu recours à l’avortement (F. Ndonko et al. 2009) légal et pour cause, témoigne cette informatrice de 18 ans à Yaoundé : « Quand tu pars à l’hôpital pour un avortement, le Médecin complique, il te pose trop de questions qui traumatisent. On a honte de lui dire que la grossesse est issue d’un viol ou de notre père géniteur. La procédure à suivre est longue et le prix à payer pour un avortement médicalisé n’est à la portée de toutes les bourses ». Le témoignage de cette informatrice pose un problème de déontologie médicale. À quelles conditions le médecin a-t-il le droit de faire avorter ?

 

03-Les-TANTINESL’enquête réalisée par Flavien Ndonko, Olivia Bikoe, Gerd Eppel, Kouo Ngamby (2009) parlant des relations entre le violeur et la victime, montre que 22% des cas de viol est perpétré par le voisin et favorisé par la proximité et l’élan de solidarité qui anime les familles. Au Cameroun, les  familles vivent encore dans un environnement insalubre et dans la promiscuité totale (une chambre), souvent très rapprochées des marécages où les moustiques voltigent à longueur de journée et toute la nuit. Face à la souffrance dans laquelle vit Nelly aujourd’hui, elle a tenté de se suicider, de tuer son père, mais va finalement opter de dénoncer, de briser le silence. De plus, les comportements de plaisanterie sont institutionnalisés à l’intérieur des familles. Seul le mariage peut entrainer une perturbation majeure de la structure familiale en Afrique en général et au Cameroun en particulier. Dans les îles Banks où Rivers avait étudié l’institution du Poroporo, les parents sont classés en gens qui se poroporo et qui ne se poroporo pas. Dans cette société, le mari de la sœur du père est une des cibles favorites du poroporo. La seule différence concerne la femme du frère qu’il faut ne poroporo qu’un peu.

Par ailleurs, en Afrique, le placement des enfants est une stratégie qui permet de faire face à la pauvreté et aux difficultés économiques de nombreuses familles. Ce placement n’est toujours pas favorable aux droits des enfants. Certains cas de viol sont issues du placement des enfants dans les familles d’accueil comme le confirme ce témoignage de Madame X…, 48 ans à Yaoundé : « À la mort de mon mari, mon frère a pris ma fille ainée pour l’élever parce que je n’avais pas la possibilité de le faire désormais seule. Pour moi, il était tout à fait normal qu’un frère aide sa sœur à élever son enfant, nous avons aussi été élevés de la même façon. Mais mon frère avait fait de ma fille son épouse sous le regard de sa femme (pleurs). Il a violé ma fille pendant 9 ans quand elle avait 20 ans. Aujourd’hui, ma fille n’a pas de vie, pas de mari, il a maudit l’enfant avec son pénis… » (Elle éclate en sanglots). On peut tout de même reconnaitre que certaines grandes personnalités ont réussi grâce à leur placement dans les familles d’accueil. Le rôle premier que joue le placement des enfants dans les sociétés africaines est celui de renforcer les liens familiaux entre parents distancés par le mariage, la migration ou la mort. Mais d’autres motifs restent valables. Quand un couple n’a pas d’enfant, on lui en confie qui devient socialement sa progéniture. Cela se prolonge même après sa mort. Chez les Bamiléké du Cameroun, quand un homme ou une femme meurt sans enfant, on doit lui trouver un successeur parmi les enfants de la famille. De même, les jeunes couples accueillent généralement un petit enfant qui joue le rôle de fils ou de fille ainé (e) dans le nouveau foyer.

 

De plus, les enfants issus des actes incestueux vivent et cela revient à ce que Claude Lévi-Strauss et Françoise Héritier développent en montrant que l’inceste est seulement une Loi qui permet de réguler l’ordre social. Les comportements d’infanticide des femmes est une émanation du viol et de l’inceste. Une informatrice, Mademoiselle X…, 24 ans à Yaoundé affirme : « Si je conçois un enfant en situation de viol ou d’inceste, je dois tout faire pour l’effacer. Si l’hôpital refuse de me faire avorter, j’accouche et je jette à la poubelle ou dans la latrine. Je ne peux pas supporter de voir un enfant conçu sous le coup d’une agression, de viol ou d’inceste. Pis encore si je ne connais pas le père (violeur, bandit, agresseur…) ou issu d’un parent (mon père, mon oncle, un cousin, un frère…). Il ne faut même pas penser à ce genre de choses ». Il ressort de ce témoignage que les grossesses non désirées à l’issu du viol ou de l’inceste exposent la femme à des risques graves qui peuvent entraver sa santé et aboutir à la mort lors des tentatives d’avortement.

 

La montée du phénomène du viol dans une société peut traduire l’état de l’insécurité sociale dans lequel vivent les populations. La quête de la scolarisation expose les filles au viol et à l’inceste. L’éducation est l’outil que l’enfant reçoit des parents pour faciliter son insertion au sein du groupe social. L’absence des infrastructures et des enseignants ne suffit pas pour justifier la sous-scolarisation. Les conséquences des abus sexuels sont à la fois sanitaires et éducatives. Les viols entraînent des traumatismes psychologiques, une exposition aux maladies sexuellement transmissibles y compris le VIH/SIDA et des grossesses non désirées qui entraînent des exclusions quasiment systématiques. Au niveau éducatif, les violences entraînent un stress, l’incapacité de se concentrer sur le travail scolaire et une opinion négative de soi. Beaucoup de filles quittent momentanément l’école ou l’abandonnent définitivement par peur que leurs agresseurs continuent d’abuser d’elles. De plus, les violences perpétrées par les enseignants envers les élèves filles ont des conséquences directes sur l’environnement scolaire et sur le comportement des élèves garçons envers les élèves filles en véhiculant le préjugé que leur réussite scolaire dépend de faveurs sexuelles.

 

Dans les cultures africaines, la femme violée est considérée comme un objet souillé, une personne impure, sale, polluée et dégoutante. En langue Béti, elle est « Mvit » (saleté),  ou « Tsi » (fétiche) en Bamiléké. Françoise Héritier (2005) montre que dans les sociétés africaines, la femme a toujours été considérée comme cadette sociale, et par conséquent toute situation dans laquelle elle se trouve, qu’elle ait tord ou pas, est toujours mal vue. Dans les cas de viol, la femme est toujours accusée, on ne croit pas à ce qu’elle dit. Cette situation traumatise la jeune fille et l’empêche par conséquent de dénoncer son agresseur. Après un viol perpétré, elle doit alors se purifier, se laver pour être propre. D’où la nécessité des rites comme ceux de la propitiation et de l’expiation. Il faut expier la souillure afin d’attirer l’estime des autres. Ce sans quoi on dira de cette personne qu’elle est porteuse de malchance, d’infortune, de maladie.  Le viol est encore fréquent dans nos sociétés parce que nos traditions sont bafouées. Dans certaines sociétés, la tradition fonctionne comme une loi qui indiquait les limites du permis et du défendu. À travers les figures de pensée comme les proverbes, on pouvait lire des représentations qui permettaient de réguler l’ordre social. Par exemple, un proverbe Bamiléké montre comment les parents éviteraient que les relations sexuelles soient consommées entre proches parents en illustrant cette restriction par une parémie du genre : « Le fleuve coule derrière la maison, mais n’en buvez pas de son eau ». Le fleuve ici c’est un parent male et l’eau est un parent femelle, féminin. Un garçon (le fleuve) ne doit pas boire l’eau (entretenir les rapports sexuels) de sa sœur.

 

Dans certaines familles africaines et dès la tendre enfance, les enfants dans leur processus de socialisation s’imprègnent de la prohibition de l’inceste et des conséquences pour celui qui enfreint cette loi. Les contrevenants s’exposent à des maladies d’ordre culturel et transgénérationel (maladies de groupe). Ces maladies qui atteignent les incestueux s’étendent à d’autres membres de la famille si le rite de rupture n’est pas accompli. La maladie n’est plus la seule affaire de l’incestueux, mais celle de tous ses enfants avec qui il a des liens de sang. La thérapie dans cette perspective consiste à soigner l’incestueux, mais aussi tous les enfants dont il est le père géniteur et parfois la mère des enfants (thérapies de groupe). On parle dans ce cas de thérapie de groupe. Nombreux sont encore les individus qui restent stupéfaits sur l’attirance que peut avoir un homme vers sa sœur ou un père vers sa fille. « Mon frère, je ne comprends pas ! Explique-moi comment un homme peut éprouver du plaisir à aller avec sa propre fille qu’il a mise au monde », déclare un informateur.  Pour expliquer la stupéfaction de l’informateur, il faut remonter à la littérature ethnologique sur la sorcellerie qui a rendu classique les représentations de la pluralité de l’homme. L’homme a un « double » invisible et immatériel. La majorité des peuples africains reconnaissent une multitude d’instances de la personne humaine. Chez les Bétis, on parle de l’Evu et du « tog » chez les Bamiléké présenté parfois comme un polype viscéral. Il est le double et chargé de l’animer. La présence de l’Evu ou du « tog » rend possible l’existence du double. La sorcellerie dans ce contexte est le monde des doubles. Un monde dans lequel certains sont conscients, voient et ont des pouvoirs devant d’autres qui n’en ont aucune conscience ; sont aveugles et inertes. Cette configuration trace des contours d’un monde de violence. Les premiers peuvent donc agir sur les seconds, les agresser, les amputer momentanément. L’être humain a donc deux sexes, un qui est apparent, visible, et un autre invisible, qui relèverait de la réalité du double. Les deux peuvent être semblables ou différents. Ils peuvent avoir la même taille, ou être de taille inégale. On peut avoir un pouvoir sur le double et agir par lui. (Séverin C. Abega (sd).)

 

Certains homosexuels incestueux dans le monde invisible de la sorcellerie, possèdent un double qui a un sexe différent de celui du corps visible. Il est donc femme dans une dimension et homme dans l’autre. Voilà pourquoi, il manifeste un attrait pour un sexe qui est identique au sien dans le monde invisible. Cela ne peut se comprendre que si l’on admet qu’en cas de rapport sexuels, les doubles auront un rapport hétérosexuel. L’homosexualité est ainsi rationnalisée comme une hétérosexualité des doubles. L’on affirme que dans l’intimité, les homosexuels prennent leur forme invisible et entretiennent des rapports normaux. Cette rationalisation laisse percevoir une difficulté à comprendre l’attrait pour le même.

Les témoignages des autres victimes de viol font un lien avec la consommation de l’alcool qui connait un large seuil de tolérance au Cameroun. On peut assister à causes des occasions multiples de consommation d’alcool à des abus. L’abus d’alcool conduit à des rapports sexuels non désirées et non protégés. Une informatrice de Yaoundé, Mlle X…, 21ans, reconnaît les conséquences de la consommation excessive d’alcool : « Il y a des hommes, quand ils veulent d’une fille, ils commencent par lui offrir des boissons alcoolisées. Si tu dépasses ta dose, il te ramène avec lui contre ton gré dans un état de fatigue et de perte de conscience. Il t’abuse sexuellement ». En plus de l’alcool, l’usage des drogues par les violeurs favorise leurs comportements violents. Un consommateur de cannabis par exemple perd presque tous ces sens pendant un bon moment. Les filles violées par leur parent pensent au suicide comme moyen d’effacer cette honte qui les habite au quotidien. D’autres décident de tuer leur père (parricide) et  de se donner la mort (suicide) par la suite lorsque les médicaments pris pour l’avortement ne produisent pas l’effet escompté. Les enfants issus des relations incestueuses ou du viol sont abandonnés par les filles-mères dans les poubelles parce qu’elles ne supportent pas de vivre ce cauchemar. Certaines préfèrent faire des avortements, le plus souvent par des techniques traditionnelles (tige de manioc, wisky, comprimés…) parce que la démarche pour obtenir un avortement thérapeutique reste encore complexe au Cameroun.

 

Au terme de cette réflexion sur la question du viol et de l’inceste dans les familles camerounaises, il saute aux yeux que ces phénomènes ont effectivement existé dans les cultures humaines les plus différentes. Leur résurgence s’explique par la perte des valeurs culturelles, du non respect des transgressions, de la montée des pratiques sectaires et de l’insécurité sociale totale où baignent les familles. Toutefois, relève Rouland Robert (1988), toutes les sociétés veillent à interdire l’union entre parents par le sang ou par alliance considérés comme trop proches, les degrés définissant cette proximité variant eux-mêmes dans le temps et l’espace. La femme, proie par excellence des hommes, reste dans une posture de subordination qui tarde à disparaître. La croyance générale selon laquelle la femme africaine est la propriété de l’homme et devrait par conséquent être battue, violée et maltraitée, n’est qu’une norme culturelle citée comme désastreuse pour les femmes. Les femmes subissent les viols de plusieurs ordres même si les hommes eux aussi n’en sont pas souvent épargnés. Les facteurs favorisant le viol sont nombreux ainsi que les répercussions sur le plan social, psychologique et culturel. Le viol peut aussi expliquer le phénomène des nourrissons abandonnés dans les hôpitaux ou dans les poubelles qui défraient la chronique dans la société camerounaise. La question du viol et de l’inceste telle que présentée ici est orientée vers des objectifs de santé publique. L’analyse socio-anthropologique et psychologique sur le viol et l’inceste au Cameroun révèle une réalité encore contrastée. Les données statistiques et les conclusions tendancielles montrent que le phénomène est en augmentation continue dans la société camerounaise. Quelle contribution sociale, quel éclairage pour les politiques et les médecins cette étude peut apporter ? L’analyse approfondie et pluridisciplinaire des acteurs, des victimes et des situations peut aider à restituer la complexité de ces comportements et à réfléchir aux actions de prévention si chère à la santé publique qui en réduiraient la fréquence du phénomène.

 

Peguy Ndonko

Anthropologue

Email : pegndonko@yahoo.fr

Yaoundé-Cameroun.

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1 Commentaires

  1. Très bel article d’ailleurs au demeurant !! Je passais par là, et je me suis dit que ce serait bien si je m’arrêtais là, parce que j’adore les questions de société, et celle-ci en est une absolument passionnante !! Je vous félicite de vous poser des vraies questions, plutôt que d’aller analyser des sottises de politiques contre ou anti-développantes !!

    Cela dit, J’ai l’impression que lorsque vous parlez d’inceste, vous ne voyez que les adolescents ou les adolescentes (je me trompe peut-être). Mais vous n’avez pas remarqué que c’est possible aussi des cas d’incestes où les membres de la famille ne se connaissent pas dans leurs origines profondes ?? Ou bien les familles ne sont jamais rencontrées auparavant, sinon des cas interethniques qui comportent des interdits avec tels clans chez certaines ethnies ??? Voilà des croisements qui sont également possibles, pourtant très difficiles à cerner ou à déceler.

    De plus, à la lecture de la création et de l’évolution humaine, il me semble que l’inceste a été l’une des formes principales de peuplement de cette planète. Comment fait-elle réellement autant l’objet de tant de dégoût ??? Je regarde les choses comme un scientifique, et je me dis que tel que le monde va aujourd’hui, un mariage entre frère est plus susceptible de mieux s’établir sur le long terme que une hétérosexualité établie dans l’union libre ou un mariage conventionnel, où finalement, les jeunes couples n’ont que le sexe pour seul fondement de leur union. Beaucoup de peuples vivent ainsi aujourd’hui, et il me semble qu’il ne leur arrive pas tant de malheurs que cela… Pourquoi donc ??

    Qu’en pensez-vous ??? Merci.