Repérage au Cambodge : carnet N°5
La revue Psy Cause a le projet d’organiser en novembre 2012 un congrès à Siem Reap (Angkor) au Cambodge, sur le thème de l’influence du bouddhisme en psychiatrie et dans les psychothérapies. En tant que directeur de la revue, j’effectue un repérage sur place : en voici le cinquième carnet consacré à la journée à Battambang du 13 décembre et à l’avancement des démarches à Siem Reap .
Le 13 décembre, je suis allé à Battambang, à 180 Km de Siem Reap par la route, située en face sur la rive sud-ouest de l’immense lac du Tonle Sap. Les rues calmes de cette charmante cité sont bordées d’immeubles aux façades ciselées dont émane le charme rétro des années 30. Le Pr Ka Sunbaunat m’avait conseillé d’y rencontrer un jeune psychiatre de 29 ans à l’aise avec la langue française : le Dr Kimly Thong. C’est avec la plus grande courtoisie qu’il me reçoit dans son bureau du service de santé mentale de l’hôpital provincial. Après avoir pris connaissance de la présentation de la revue Psy Cause et de son projet au Cambodge en 2012 à l’aide d’un diaporama sur mon MacBook (visible sur le bureau dans la photo ci-contre), il me parle de son travail partagé entre deux lieux de consultation, dans l’hôpital et à l’extérieur. Il est le psychiatre d’une équipe constituée aussi d’un médecin généraliste et de paramédicaux. Sa tache est très lourde et ses moyens modestes face à l’immensité de la demande. Il explique que, par exemple, il manque de psychotropes et apprécierait une aide à ce niveau.
La psychiatrie avait été totalement détruite par les Khmers rouges, et il n’y avait plus aucun psychiatre lors de l’effondrement du régime en 1979. Il avait fallu faire appel à de rares professionnels survivants qui étaient parvenus à se faire passer pour des paysans. Dans les années 1990, avec la fin des hostilités, diverses ONG s’installent dans le pays pour reconstruire un réseau de santé mentale sur un champ de ruines. Aujourd’hui, une jeune génération de psychiatres cambodgiens s’apprête à prendre la relève.
Quelques jours auparavant était organisée à l’hôpital de Siem Reap, une réunion pour présenter aux psychiatres et paramédicaux concernés de l’établissement le projet de congrès et Psy Cause. Le Directeur régional de la santé était là. Le public fut attentif et plutôt favorable dans le cadre de cette réunion préliminaire. Le Directeur régional a émis des réserves sur l’adéquation de la salle de conférences de l’hôpital. Le lendemain de la visite à Battambang, j’obtiens l’autorisation de jeter un coup d’œil sur la salle : ce n’est pas celle-ci en elle même qui pose problème. Bien que de dimension modeste, elle est neuve et bien équipée. Mais elle est située à un second étage au dessus d’un service d’hospitalisation. Il est difficile d’imaginer des allers-retours de congressistes susceptibles de perturber la quiétude des malades. C’est pourquoi à l’issue de cette visite, je pense préférable de se tourner vers l’Apsara Angkor Hôtel, spécialisé dans l’organisation de congrès. Cette formule n’empêche pas la poursuite du projet de partenariat privilégié avec l’hôpital public de Siem Reap dont le personnel intéressé sera invité pour suivre nos travaux dans la salle de conférence de l’hôtel. Ce partenariat n’en est qu’à ces débuts et peut se développer au fil du temps.
La revue fait le choix éthique de s’orienter en priorité vers l’hôpital public alors qu’il existe à Siem Reap des hôpitaux privés haut de gamme destinés à un public fortuné à l’exception notable de l’hôpital pédiatrique financé par un célèbre violoncelliste suisse.
Le 11 décembre, notre réceptif, Bernard Robin, m’a fait visiter « La magnaneraie ». Ce lieu présente la fabrication de la soie depuis l’élevage des vers à soie jusqu’au produit fini. Il est aussi une école financée par une ONG qui forme au tissage des jeunes filles de la campagne qui, ensuite, sont installées chez elles sur un métier à tisser. L’équivalent existe à un autre endroit pour les jeunes garçons avec une formation à la sculpture.
Jean Paul Bossuat à Siem Reap, le 16 décembre 2011.