Rencontre à Montréal avec le rédacteur en chef de la revue Santé Mentale au Québec (et hommage à Maurice Dongier)
La décision N°1 de la réunion fondatrice de Psy Cause Canada, le 19 septembre 2015, était d’établir un lien entre la Revue de santé mentale au Québec et la revue Psy Cause, de rechercher un partenariat gagnant/gagnant qui respecte les spécificités de chacune des publications. Le 21 septembre 2015, le directeur de la revue Psy Cause, le Dr Jean Paul Bossuat, accompagné de son adjoint, le Dr Thierry Lavergne, accède aux hauteurs du Plateau du Mont Royal pour rencontrer le rédacteur en chef de la revue Santé Mentale au Québec, le Dr Jean Caron, psychologue clinicien à l’Institut Universitaire en Santé Mentale Douglas.
En avril 2013, le directeur de Psy Cause avait rencontré son homologue de la revue Santé Mentale au Québec, Yves Lecomte, psychologue enseignant à la TELUQ et fondateur. Ce dernier s’est désengagé et a passé la main, après 37 années à la direction de cette publication, au Pr Emmanuel Stip, patron du Département de psychiatrie de l’Université de Montréal. Le 80ème numéro (été 2015) est consacré aux 50 ans de ce département universitaire. Un article de ce numéro, rédigé par le Pr François Borgeat, évoque le Dr Maurice Dongier, un pionnier de la psychiatrie du Québec, dont nous apprenons le décès lors de notre séjour à Montréal, et qui était venu au congrès Psy Cause d’Ottawa. Le Pr François Borgeat conclut ainsi son article : « la clinique devient facilement réduite à l’établissement d’un diagnostic DSM suivi d’une prescription médicamenteuse. Maurice Dongier propose un plaidoyer pour le bonheur du psychiatre. Il considère qu’un psychiatre triste est un triste psychiatre parce que le travail clinique se ressent de la joie et de la vie intérieure du clinicien. Pour aider le psychiatre, il attribue un rôle important à la méditation de type mindfullness, aux valeurs bouddhistes qu’il estime d’ailleurs proches des valeurs chrétiennes fondamentales et à la pratique de l’entretien motivationnel. Il avance qu’avec sa Révolution tranquille, le Québec a peut être trop vite jeté ses valeurs traditionnelles faisant partie de la sagesse universelle comme le bébé avec l’eau du bain. Elles se sont réfugiées en Asie ! Et voilà qu’elles nous reviennent auréolées de l’evidence-based psychiatry sous la forme de la mindfullness… (…) Maurice Dongier s’interroge aussi sur le culte excessif de la science aux dépens des philosophies qu’il voit comme une maladie répandue en psychiatrie. »(1)
Le Dr Jean Caron explique que le Pr Yves Lecomte était confronté à une impasse budgétaire car les habituels sponsors faisaient défaut. La revue Santé Mentale au Québec se situe dans les domaines des sciences sociales et de la santé. Ce qui correspond à deux fonds différents qui, en période de restriction, ne financent plus une publication qui est à cheval sur deux champs. Désormais, avec le Pr Emmanuel Stip, les trois instituts universitaires en santé mentale (qui associent la recherche et le soin hospitalier) contribuent au financement de la revue : « cela permet de survivre ».
Commence alors une discussion sur les partenariats à mettre en place entre la revue Psy Cause et la revue Santé Mentale au Québec. Le premier porte sur des complémentarités géographiques. Ainsi la revue Psy Cause est bien présente en Afrique tandis que la revue Santé Mentale au Québec l’est en Amérique latine et à Haïti. Chaque revue pourrait faire la promotion de la revue partenaire sur ses aires d’implantation. Le second porte sur des informations croisées présentation de nos revues respectives, valorisation des champs communs (pluridisciplinarité, place de la psychiatrie communautaire, francophonie). Nous pouvons également nous intéresser dans Psy Cause à des thèmes comme l’éthologie, la notion d’espaces reliés à la santé mentale, qui sont à l’étude au Québec.
Nous évoquons ensuite la présentation des articles francophones dans un monde dominé par l’écriture anglophone, en terme de facteur d’impact, avec le résumé en Anglais qui doit être suffisamment consistant pour que l’anglophone soit capable de saisir le contenu et de citer l’auteur. Nous avons à apprendre, dans notre revue internationale francophone, de l’expérience québécoise, et inversement.
Le Dr Jean Caron nous informe qu’il fera un rapport « enthousiaste » de notre proposition de partenariat lors de la réunion du comité de rédaction de Santé Mentale au Québec, qui se déroulera le 14 octobre prochain.
Jean Paul Bossuat
(1) François Borgeat avec la collaboration de Maurice Dongier, Santé mentale au Québec, 2015,XL, n°2, 174 et 175.