Psy Cause en République Démocratique du Congo
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Lors de notre Assemblée Générale consacrée à l’Afrique le 26 août 2014, nous avons convenu d’envisager une rencontre à Kinshasa, laquelle intéresse notre rédacteur toulousain, le Pr Gérard Pirlot dans le cadre de son laboratoire universitaire de psy interculturelle. Et le 23 septembre 2014, le Pr Gilbert Mananga Lelo écrivait de nouveau au Président de Psy Cause International : « sans préjudice de l’avis de mon mentor, le Pr Samuel, qui me lit en copie et qui vous donnera les détails, je vous souhaite d’avance la bienvenue dans la capitale de la RDC au cœur de l’Afrique pour le bonheur et la naissance de Psy Cause RDC, portez vous bien et à bientôt à Kinshasa, Gilbert. »
Notre première réalisation concrète de ce partenariat est la publication de ce premier article congolais dans la revue Psy Cause, qui traite du phénomène des « malades mentaux errants de la ville province de Kinshasa. » Les auteurs de ce travail sont deux neuropsychiatres du CNPP (Centre NeuroPsychoPathologique) de Kinshasa : les Drs Michel Saïd Mbuku Nguala (auteur principal) et Faustin Tshamala Kalala, ainsi que deux Professeurs neuropsychiatres : le Pr Gilbert Mananga Lelo, vice doyen de la faculté de médecine de Kinshasa et directeur du CNPP, et le Pr Sébastien Kinsala Ya Bassi, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de Kinshasa et chef de département au CNPP. Au total, ce sont donc quatre neuropsychiatres du CNPP qui ont contribué à cet article. Lorsque, le 13 mars 2014, le Dr Michel Saïd Mbuku Nguala nous écrivait pour soumettre ce texte, il précisait : « votre revue nous intéresse au point qu’elle sera parmi nos outils de publications scientifiques. Merci d’avance et franche collaboration. »
Le phénomène d’errance des malades mentaux constitue un problème de toutes les grandes villes du monde, annoncent ces auteurs qui ajoutent : « La ville province de Kinshasa n’échappe pas à cette réalité d’errance des malades mentaux. À l’issue des tentatives infructueuses de traitement, certaines familles, compte tenu du lien parental très fort, préfèrent garder leur malade à la maison ligoté ou non selon qu’il est agressif ou pas, mais d’autres familles préfèrent les pousser dans la rue parce que devenus gênants. » Leur étude a eu pour objectif de dresser le profil clinique et sociodémographique des malades mentaux errants récupérés dans les grandes artères de la ville province de Kinshasa du 04 au 12 octobre 2012. Elle a porté sur 213 malades mentaux hospitalisés au Centre NeuroPsychoPathologique de l’université de Kinshasa. Cette étude (à lire dans le N°67 de notre revue) a montré que le phénomène d’errance de malades mentaux était l’apanage des sujets jeunes, peu instruits, consommateurs des substances psycho actives, célibataires de sexe masculin, provenant des provinces connexes à la ville de Kinshasa et que la schizophrénie en était le tableau clinique le plus fréquent.
Cet article témoigne d’un important effort en faveur des soins psychiatriques dans la capitale d’un pays immense, d’une superficie à peu près équivalente à cinq fois celle de la France. Nos interlocuteurs ne nous avaient pas caché en février 2014 à Ouagadougou les problèmes logistiques rencontrés pour les soins dans les provinces. La psychiatrie en RD du Congo devrait connaître dans les années à venir d’importants développements.
Jean Paul Bossuat