Psy Cause Cameroun et la revue Psy Cause à Yaoundé lors de la 4CIPM (21-24 février 2013)
La quatrième Conférence Internationale de Psychotraumatologie et de Médiation (4CIPM-2013) fut organisée par l’IPM-International, présidée par le Dr Issack Biyong, Psychiatre, Pédopsychiatre, Psychotraumatologue et professeur adjoint au Département de psychiatrie de l’université d’Ottawa, sous le haut patronage du Ministre de l’Enseignement Supérieur du Cameroun. Cette conférence était co-présidée par le Dr Raymond Tempier, Psychiatre, Professeur à la faculté de médecine de l’université d’Ottawa et chef du Département de psychiatrie de l’hôpital Montfort, qui accueillera le congrès de Psy Cause en octobre prochain.
La présence de Psy Cause Cameroun orchestrée, avec l’aimable accord des organisateurs, par le Coordinateur Péguy Ndonko, docteur en anthropologie médicale, a été très visible. Les militants et militantes de Psy Cause Cameroun vêtus d’un tee-shirt rouge et d’une casquette, portant le nom de l’association, se relayaient pour assurer une permanence au stand de Psy Cause et une présence dans la salle de conférences. Des ouvrages de la bibliothèque du siège à Yaoundé de Psy Cause Cameroun ainsi que des exemplaires de la revue Psy Cause étaient exposés sur la table du stand. D’innombrables cartes de visite, portant les coordonnées du nouveau site de Psy Cause et de Psy Cause Cameroun, étaient largement distribuées. De nombreux professionnels et étudiants de Yaoundé sont venus dialoguer avec les militantes présentes au stand, elles mêmes pour la plupart étudiantes. De nombreux journalistes venaient s’informer sur Psy Cause Cameroun. Le directeur de la revue Psy Cause a lui même été interviewé par une chaine de télévision.
L’opération « communication », menée au Palais des congrès de la ville de Yaoundé, fut donc une réussite très utile pour le lancement de Psy Cause Cameroun. Dans le même temps, étaient remises des invitations pour la cérémonie d’inauguration du siège de Psy Cause Cameroun à Yaoundé prévue le 24 février à partir de 15 heures. Le public sera d’ailleurs au rendez-vous. Nous en reparlerons dans un autre article.
Le Pr Raymond Tempier accompagnait son collègue d’Ottawa, le Pr Issack Biyong. Ce fut donc l’occasion de préparer le voyage de repérage du directeur de la revue qui se déroulera à Ottawa et à Montréal du 22 mars au 7 avril 2013. Nous nous sommes mis d’accord sur la création d’une association Psy Cause Canada qui facilitera l’inscription des professionnels canadiens au congrès Psy Cause d’Ottawa avec la disposition d’un compte en dollars canadiens. Rappelons que le thème de ce congrès portera sur les minorités. Nous aurons la présence d’un professionnel amérindien et déjà notre programme scientifique devient consistant. Le Dr Thierry Lavergne (qui fut rédacteur en chef fondateur de Psy Cause) est désormais le secrétaire de rédaction à l’Amérique du Nord et nous apporte son réseau de connaissances en particulier à Montréal. Il sera partie prenante de la création de Psy Cause Canada. Le Pr Raymond Tempier organisera aussi à Ottawa un atelier de « Mindfullness therapy » dans le prolongement de notre congrès de Siem Reap (Cambodge) de novembre dernier.
Notre présence à la 4CIPM a ouvert des perspectives nouvelles.
Nous avons pu avoir des conversations utiles avec Jean Roger Kuaté, psychologue formateur et membre du staff de coordination pour la mission de paix et de stabilisation de l’ONU en RD du Congo. Il nous a promis de nous ouvrir des portes pour des subventions à la diffusion promotionnelle de la revue Psy Cause dans certains pays d’Afrique.
Nous avons tissé des liens avec le Pr Louis Jehel, psychiatre chef de service au CHU de Fort de France (Martinique). Nous lui avons signalé la présence en Martinique de notre rédactrice pédopsychiatre, la Dr Catherine Lesourd. Il s’est dit partant pour un congrès Psy Cause en Martinique. Projet dont nous avait déjà entretenu au Cambodge en novembre dernier, notre rédactrice. Une piste antillaise pour un prochain colloque semble donc se dessiner.
Le Dr Bertrand Piret est psychiatre au CHU de Strasbourg où il est responsable de la consultation transculturelle de psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Il est Président de l’association « Parole sans frontière » qui s’intéresse à la prise en charge des traumatismes des réfugiés, via une approche psychanalytique. Il est intervenu au congrès dans le cadre d’une communication en rapport avec son engagement associatif : « l’approche psychanalytique permet de rendre compte de la manière dont le rapport à l’autre est attaqué dans le traumatisme psychique consécutif à des violences intentionnelles telles qu’on les rencontre lors de tortures ou de violences collectives. La rupture des liens et des affiliations symboliques, les sentiments de trahison et d’abandon radical, la mise en exclusion de l’humanité et de toute appartenance culturelle, l’éprouvé de mort-vivant et de perte du désir peuvent se comprendre à partir de l’effondrement de l’idéal au sens de Freud mais aussi à partir de la notion de grand Autre telle que Lacan a pu la mettre en place. Il découle de ces élaborations, des indications précieuses pour éclairer la clinique et orienter les prises en charge psychothérapiques, individuelles et collectives à partir de la notion de reconnaissance. Nous insisterons en conclusion sur l’ambivalence du rapport à la « culture » que produisent ces situations de traumatismes psychiques créés par des violences intentionnelles et déshumanisantes. » Le Dr Bertrand Piret est très intéressé par Psy Cause et entre dans la revue en tant que rédacteur.
Cette conceptualisation fut présente dans le discours poétique qui mêlait la réalité concrète du terrain et la théorie dans une poignante simplicité, du Dr Naasson Munyandamutsa. Venu du Rwanda après des pérégrinations aériennes compliquées, il arrivait le dernier jour du congrès. Il fit une très forte impression. Psychiatre et psychothérapeute, il est un pionnier de la psychotraumatologie au Rwanda et dans la région des grands lacs. Il est expert de la promotion de la psychiatrie, de la santé mentale et de la paix après le génocide au Rwanda. Il a reçu le Prix de Genève pour les droits de l’homme en psychiatrie. Il a été très intéressé par le stand de Psy Cause Cameroun et la revue francophone Psy Cause bien que son pays ait décidé de passer à l’Anglais. Il a confié au Pr Raymond Tempier qu’il souhaiterait constituer au Rwanda un groupe de psys francophones sur le modèle de Psy Cause Cameroun. Donc un groupe Psy Cause Rwanda. Il entre bien volontiers dans le comité de rédaction francophone de la revue.
En conclusion, la dynamique présente sur le lieu du congrès à Siem Reap, était bien là à Yaoundé. Quels que soient les incidents de parcours qui peuvent survenir, ce qui a été mis en route va poursuivre son erre.
Jean Paul Bossuat