Procès verbal de la réunion fondatrice de Psy Cause Canada, à l’IUSMM
Cette réunion, organisée par le Pr François Borgeat, se déroule le samedi 19 septembre 2015 à partir de 14 heures, salle 320-16 de l’unité d’enseignement F Grunberg, dans le pavillon Bédard de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal.
Sont présents, la délégation de Psy Cause International venue de France et composée des Drs Jean Paul Bossuat (Avignon), Thierry Lavergne (Aix en Provence), Anne Sarrassat (Nice) et Jean Paul Olivier (Belfort), de Mmes Catherine Gras Bossuat (Avignon) et Myriam Livolant ainsi que son mari (Ardèche), ainsi que des professionnels canadiens : les Prs et Drs François Borgeat (Montréal), Pierre Migneault (Montréal), Suzanne Lamarre (Montréal), Marcel Hudon (Montréal), Raymond Tempier (Ottawa), André Gagnon (Gatineau) et Mme Diane Zimola (Gatineau). La composition des membres de la réunion est à la fois pluridisciplinaire puisque les professions de psychologue et d’infirmière psychiatrique sont représentées, et transdisciplinaire, trois des professionnels canadiens étant membres de la Société Canadienne de Psychanalyse (société affiliée à l’Association Psychanalytique Internationale (API)).
Le Pr François Borgeat introduit les discussions en rappelant qu’il a fait la connaissance de Psy Cause en novembre 2012 au Cambodge, à l’occasion d’un congrès qui était d’une grande originalité avec pour thème le bouddhisme et la psychiatrie. Il fut l’occasion d’une rencontre avec le Pr Ka Sunbaunat qui avait reconstruit la psychiatrie dans son pays dévasté par les Khmers Rouges, lui même n’ayant échappé au massacre que par sa capacité à se faire passer pour un paysan, quatre années durant. Cette rencontre permit au Pr Raymond Tempier, venu d’Ottawa, de faire sa connaissance et de le proposer avec le soutien de Psy Cause pour le prix de Genève des droits de l’homme en psychiatrie, prix qui lui fut remis en 2014 lors du congrès mondial de psychiatrie à Madrid. Le Pr François Borgeat évoque la dimension de la rencontre qui est très privilégiée dans les manifestations organisées par Psy Cause et que l’on ne retrouve pas dans un congrès classique. En 2013, à l’occasion du congrès Psy Cause d’Ottawa, se déroulait à Gatineau, dans la salle Jeanne d’Arc Charlebois, une première réunion en vue de la création d’une structure Psy Cause Canada. Nous sommes en 2015 et il plus que temps de voir, au Canada, « comment nous pourrions nous impliquer d’avantage ».
Le Dr Jean Paul Bossuat, président de Psy Cause International et directeur de la revue Psy Cause, rappelle le contexte du choix de l’hôpital Montfort pour notre congrès international d’octobre 2013. L’association Psy Cause International a pour activité principale la publication d’une revue francophone internationale et, en accord avec le Pr Raymond Tempier de l’université d’Ottawa, faisait le choix d’un lieu situé dans la capitale confédérale canadienne où la communauté francophone est minoritaire tout en étant numériquement importante. L’unique hôpital francophone d’Ottawa n’avait pu perdurer qu’à la suite de vastes manifestations qui avaient impliqué aussi bien des francophones, que des anglophones venus en grand nombre défendre la valeur symbolique de cet établissement qui transcendait les simples arguments gestionnaires comptables et des politiciens du moment. Il rappelle par ailleurs la venue lors de ce congrès, alors à l’hôpital Montfort, de représentants de la réserve Mohawk de Montréal, engagés en santé mentale sur leur territoire, à l’initiative du Dr Jean Dominique Leccia. Ce congrès d’Ottawa était représentatif des concepts et principes de Psy Cause : francophonie, pluridisciplinarité et rencontre, sur un thème important, celui du traitement et de la prise en charge des minorités culturelles et linguistiques.
Le Dr Thierry Lavergne, vice président de Psy Cause International et directeur adjoint de la revue Psy Cause, rappelle qu’il a fondé la revue Psy Cause avec le Dr Jean Paul Bossuat en 1995, puis rappelle les thèmes et buts fondateurs déjà présents il y a 20 ans lors des débuts à Avignon (Centre Hospitalier de Montfavet) et à Aix en Provence (Centre Hospitalier Montperrin) : la qualité de la rencontre avec le malade, la théorie de la pratique, favoriser l’élaboration intellectuelle et les échanges dans les équipes, promouvoir un intérêt humaniste en psychiatrie. Il évoque ensuite une expérience qui l’a particulièrement marqué lorsqu’en juin 2009 en Russie, après des travaux scientifiques à Moscou, la centaine de congressistes naviguait sur la Volga : en trois jours, à l’initiative de Mme Marie José Pahin, fut montée une pièce de théâtre dont il fut l’un des acteurs, et qui était une interprétation assez libre du banquet de Platon : « cette pièce fut produite devant tout le bateau et tous ceux qui viennent régulièrement dans les congrès de Psy Cause s’en souviennent. » Il conclut sur la dynamique canadienne initiée en 2013 à Ottawa : « on espère qu’elle débouchera sur un réseau canadien. »
La Dr Anne Sarrassat parle de sa mission de mise en relation de Psy Cause avec les professionnels de la Principauté de Monaco et de sa contribution aux préparatifs du congrès de Monaco qui se déroule dans un mois à l’Hôpital Princesse Grace (9 et 10 octobre 2015) et coordonné par le Dr Thierry Lavergne. Elle précise que Monaco est un état francophone de petite taille qui est très intéressé par l’ouverture internationale. Les informations concernant ce congrès sont accessibles sur le site de Psy Cause.
La Dre Suzanne Lamarre, psychiatre à l’hôpital St Mary’s de Montréal, spécialiste des urgences psychiatriques, prend la parole pour demander s’il existe une version électronique de la revue Psy Cause. Le Dr Thierry Lavergne annonce qu’un système d’abonnement au PDF de la revue est envisagé. Le Dr Jean Paul Bossuat explique l’importance de la revue papier en Afrique pour plusieurs raisons. La première est le rôle de Psy Cause au niveau universitaire en Afrique Subsaharienne. La seconde est la difficulté de fonctionner avec internet dans ces pays.
Le Pr François Borgeat met l’accent sur le lien de Psy Cause avec les pays de l’Afrique, « qui est particulièrement intéressant. »
La discussion porte ensuite sur l’ouverture que représente la pluridisciplinarité (voire la transdisciplinarité), dans une Amérique du Nord qui fonctionne de manière corporatiste et où il est difficile de se parler. Un autre point fort de Psy Cause est la francophonie, laquelle inclut des professionnels francophiles qui connaissent le français alors que ce n’est pas leur langue.
La Dr Suzanne Lamarre pense que Psy Cause peut s’inscrire dans une évolution de fond récente qui se fait jour depuis les toutes dernières années et qui prend en compte « la valeur ajoutée pour le patient ». Après l’époque « evidence » centrée sur le diagnostic (l’opération est réussie, le malade est décédé), vient maintenant la notion de rétablissement, exigence des patients formulée entre autres par la Commission de Santé Mentale du Canada à laquelle participe le Pr François Borgeat comme membre du CA avec la Pr Manon Charbonneau.
Le Dr Jean Paul Olivier attire notre attention sur la question de la transmission et de l’intérêt d’une revue qui « ne soit pas forcément dans les standards exigés. » Ce qui est assez exceptionnel.
Le Pr François Borgeat intervient pour que les débats, après cette première phase de la réunion, entrent dans le concret. Le Dr Pierre Migneault appuie cette exigence : « il y a deux années que nous devons faire quelque chose, il nous faut aujourd’hui passer à l’acte. » Les participants entrent donc dans le concret et plusieurs points font l’objet d’une décision.
Point N°1 : établir un lien entre la Revue de santé mentale au Québec et la revue Psy Cause. Nous décidons de rechercher un partenariat gagnant/gagnant qui respecte les spécificités de chacune des publications. Le projet en avait déjà été évoqué il y a deux ans à Pierre Janet et fait l’objet d’un accord de principe dans Psy Cause.
Point N°2 : référencement. Le Pr François Borgeat pense que l’on devrait faire le nécessaire pour recenser Psy Cause dans le medline et en améliorer ainsi le référencement. On pourrait à Montréal aider dans cette démarche.
Point N°3 : le siège social de Psy Cause Canada. Il pourrait être établi à Montréal à l’IUSMM. Ce qui n’empêche pas d’organiser des réunions dans d’autres lieux, à Gatineau par exemple. L’intérêt est de pouvoir se rencontrer. Un paiement par carte via l’IUSMM permettrait de faciliter les abonnements et cotisations en dollars.
Point N°4 : publication des informations sur le site internet de Psy Cause. Il existe un onglet « Canada » qui permet de publier rapidement les informations transmises par Psy Cause Canada.
Point N°5 : nomination de deux co-coodonateurs de Psy Cause Canada. L’assemblée remercie les Drs Marcel Hudon et Suzanne Lamarre d’accepter la fonction de coordonner la mise en place de la structure pluridisciplinaire Psy Cause Canada. Ils commencent par la constitution d’une liste de contacts par courriel et comptent sur tous pour les aider à enrichir cette liste. Les Drs André Gagnon à Gatineau et Raymond Tempier dans l’Ontario francophone, relaieront les initiatives dans ces régions éloignées de Montréal.
Point N°6 : projets de colloques. Nous actons un projet international en 2017 inspiré par le Dr Pierre Migneault à l’occasion du 375ème anniversaire de la fondation de la ville de Montréal. Celui ci comporterait une navigation de Montréal à Québec et diverses animations artistiques. Dès 2016, en mai ou juin, Psy Cause Canada organisera une première manifestation scientifique canadienne qui se ferait en partenariat avec des associations comme l’AMPQ et avec l’IUSMM.
Point N°7 : reconnaissance de Psy Cause Canada. Le président et le vice président de Psy Cause International, conformément à leur mandat, ainsi que les autres membres présents, reconnaissent la fondation de Psy Cause Canada au sein de Psy Cause International en l’attente du statut définitif.
Pour Psy Cause Canada et Psy Cause International
Dr Jean Paul Bossuat