La notion d’« Alliance thérapeutique ou de travail », nouveau concept consensuel en Suède dans les psychothérapies
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En Suède comme dans d’autres pays du monde occidental, la dimension humaniste de la psy centrée sur la personne fait retour. L’intérêt de l’étude d’Ola Lindgren est d’apporter un témoignage sur ce phénomène nouveau, mais aussi de s’interroger à propos du concept d’Alliance, sur ses racines psychanalytiques et l’usage qui en est fait dans des techniques soignantes en devenir. Ce concept, pourrions nous dire, serait à la fois une « Arche d’Alliance » qui repose sur l’invention freudienne et une nouvelle approche du vieux débat dans les psychothérapies, sur soigner le patient sous le transfert ou avec le transfert. Ce débat trouvant une nouvelle perspective scientifique.
« Dans la psychanalyse, écrit Ola Lindgren, on voit depuis Freud « l’alliance de travail » comme un aspect particulier du transfert, notamment le transfert positif, et l’identification du patient avec la capacité observationnelle de l’analyste et sa position de réflexion.Cette «attitude de base» n’est pas vraiment différente entre les psychothérapeutes de différentes orientations.Ils ont tous une posture où l’intérêt et l’acceptation par rapport au patient est dominante, et où il y a un effort pour comprendre et intervenir de façon positive et constructive pour le patient. Les psychothérapeutes de toutes les approches thérapeutiques mettent l’accent sur l’information du patient quant à la façon dont le travail devrait aller, quant aux rôles du thérapeute et du patient, et de faire une sorte d’accord sur le temps, l’espace et de coût.Tous ces efforts sont destinés à créer un partenariat et d’aider les patients à composer avec le stress sur eux-mêmes et sur la relation avec le thérapeute que le travail thérapeutique entraînera inévitablement. » Nous sommes là dans un premier niveau du concept d’alliance, celui du cadre défini et accepté.
Avec un second niveau remarqué par les chercheurs : l’accord s’appuie sur « un lien émotionnel et positif » entre le patient et le thérapeute. Et, nous dit l’auteur, « ici on sent l’ombre d’une relation transférentielle » : « la résolution des conflits dans le transfert renforce l’alliance et les échecs dans le processus de transfert pourraient affaiblir l’alliance. » L’alliance ne serait donc pas seulement un travail thérapeutique sous transfert mais également un travail avec le transfert. Ola Lindgren pointe là un point de rencontre actuel entre la recherche empirique objectivisante et la psychanalyse. La discussion porte sur l’existence ou non d’une « relation réelle » hors transfert, discussion qui pourrait même traverser le champ de la psychanalyse. L’intérêt de ce concept d’alliance est assurément de bousculer les frontières.
Nous invitons donc nos lecteurs à une prochaine lecture de l’article de notre rédacteur Ola Lindgren dans la revue Psy Cause.
Jean Paul Bossuat