Mission médicopsychologique suite à l’attentat suicide sur le bataillon Burkinabé de la MINUSMA à Ber-Tombouctou (Mali) en août 2014

Ce témoignage nous a été adressé par le Dr Kokou Messanh Agbémélé Soédjé, psychiatre togolais des armées déployé sur le théâtre des opérations de la Mission Multidimentionnelle de Stabilisation au Mali (MINUSMA) de l’ONU. Cette force militaire est venue relever entre autres, des forces armées françaises au nord de la boucle du Niger au Mali. Elle est en butte à des attaques répétées des islamistes et l’attaque suicide en question a suscité des réactions indignées relayées par la presse, ainsi dans le journal « Le Soir de Bamako » en date du 18 août 2014 qui explique que dans la localité de Ber distante de 60 Km de Tombouctou, un détachement du contingent Burkinabé y a la mission d’assurer une présence pour rassurer la population. Le journal rapporte un communiqué de la MINUSMA suite à l’attentat qui déclare : « cette violence est insensée, la MINUSMA paie un trop lourd tribu au Mali alors que les Casques bleus sont précisément présents dans ce pays pour assurer un retour à la paix et à la stabilité. Ces attaques renforcent notre détermination à poursuivre notre mission aux côtés du peuple malien. Nous savons que la population est excédée par toute cette violence gratuite et ignoble. » Nous laissons à présent la parole au Dr Kokou Messanh Agbémélé Soédjé sous la forme du résumé de son travail en cours, publié en avant première d’une publication d’un article détaillé à paraître dans un prochain numéro de la revue Psy Cause. Ceci afin de mieux coller à une actualité dramatique qui, hélas, s’intègre à une problématique plus vaste qui touche cruellement de nombreux pays.

 

Le titre du futur article est : ” Mission d’évaluation et de prise en charge médicopsychologique suite à l’attentat suicide sur le bataillon Burkinabé de la MINUSMA à Ber-Tombouctou (Mali) en août 2014″

 

« Contexte général

 

Le détachement constitué d’une section renforcée du bataillon Burkinabé de la Mission Multidimensionnelle de Stabilisation du Mali (MINUSMA) assurant la sécurité de la ville de Ber dans la région de Tombouctou, a été victime le 16 août 2014 à 11h 25mn, d’un attentat suicide sur leur campement. Il s’agit d’une voiture pickup bourrée d’explosifs qui est partie s’exploser sur le magasin d’armes. On a déploré deux morts et huit blessés graves.

 

 

 

 

Problématique

 

Les troubles de comportements des militaires qui étaient sur les lieux avaient suscité une décision par les autorités médicales de la MINUSMA. Le but de cette mission était de faire une évaluation du psychotraumatisme et d’assurer les soins précoces et le soutien psychologique des victimes.

 

Méthodologie

 

Après des séances de débriefing collectifs et individuels, l’évaluation a été faite par des tests comme : la version révisée de Weiss et Marmar (1996) de la version initiale d’Horowitz ; l’inventaire de détresse péri traumatique ; le questionnaire d’expériences dissociatives. Les entretiens individuels avec des séances de thérapies brèves et ciblées avaient été nécessaire sur une durée de quatre semaines.

 

Résultats significatifs

 

Il y avait 41 victimes directes sur les lieux et 7 victimes indirectes parmi les militaires qui avaient rassemblé les corps de leur frère d’armes. L’état de stress aigu sévère a été présent chez 16 militaires et une détresse péri traumatique extrême chez 03 d’entre eux. Les demandes pour retourner faire des cérémonies mystiques ont été raisonnées chez 22 victimes directes. L’anorexie avait été efficacement résolue par le retour aux bols communautaires où plus de 10 personnes mangeaient dans le même plat simultanément.

 

Conclusion

 

Des particularités culturelles devraient être intégrées lors de prise en charge d’éventuels événements.

 

Mots clefs : MINUSMA, état de stress aigu, attentat suicide, Ber-Tombouctou, Mali.

 

SOEDJE Kokou Messanh Agbémélé,

Psychiatre des armées déployé sur le théâtre de la MINUSMA.

Email : soedjem@gmail.com/ soedjek@yahoo.fr »