Journal du congrès de Kyoto : carnet N°8. Du 22 au 24 octobre 2014
La journée du 22 octobre est à Kyoto, une journée particulière puisque l’ancienne capitale historique fête comme chaque année, depuis le 22 octobre 1895, sa fondation en 794. L’empereur résida dans cette capitale de 794 à 1868. Une procession de plus de 2000 figurants en costumes évoquant différentes époques et épisodes de l’histoire de Kyoto défile dans les rues. Les congressistes ont été invités à assister à cette parade historique spectaculaire, le « Jidai Matsuri ».
La fin de l’après midi se déroule dans une salle de réunion de l’hôtel Ana Crowne Plaza. Il s’agit d’une réunion ouverte du comité de rédaction de la revue Psy Cause et de l’association. L’assemblée vote des félicitations aux deux organisatrices françaises, les Drs Catherine Lesourd et Patricia Princet pour ce congrès réussi auxquelles sont associés les organisateurs japonais. Les organisatrices ont fait part de leur volontariat pour éventuellement contribuer aux repérages dans les différents pays concernés par les futurs congrès internationaux. L’assemblée les constitue en « cellule d’appui » à cette fin. Par ailleurs, la Dr Patricia Princet se porte volontaire pour mener à bien les démarches d’agrément DPC de Psy Cause et est officiellement missionnée pour ce faire. Une présentation/débat des divers projets internationaux et nationaux fait suite, qui devront être confirmés en présence de principaux membres du conseil d’administration absents au Japon. Cette réunion témoigne de la dynamique de Psy Cause avec cinq pays concernés par les prochains colloques. Il est précisé que les thèmes de ces manifestations scientifiques seront choisis en concertation avec les professionnels des pays hôtes. Ces projets seront annoncés sur le site au fur et à mesure de leur avancement. Diverses questions techniques sont abordées telles que la cotisation, l’abonnement, la comptabilité etc.
À la fin de la réunion, le Pr Shigeyoshi Okamoto fait un don de 20 exemplaires dédicacés de son livre sur la Thérapie de Morita aux congressistes qui en ont fait la demande. Cet ouvrage est intitulé « La thérapie de Morita inconnue » (Éditions Hokuju-Shuppan, Tokyo, 2007). L’auteur écrit en introduction : « Alors que la psychiatrie française, introduite au Japon avant la guerre et peu à peu intégrée, est relativement bien connue dans notre pays, la psychiatrie japonaise reste, par contre, encore très étrangère aux Français. Toutefois, pendant mon séjour à Paris (de l’été 1984 à l’été 1985), j’ai remarqué que ces derniers manifestaient un intérêt croissant à l’égard de la pensée orientale (mais ceci est tout récent). » Le Pr Shigeyoshi Okamoto avait été invité à communiquer sur la thérapie de Morita et le Zen à l’Institut de Psychosomatique de Paris le 7 juillet 1985 et restitue son exposé dans le premier chapitre du livre. Dans une feuille dédicace jointe, il écrit : « Mais je ne suis pas content du contenu de ce livre. Je vais faire paraître un autre livre critiquant la Thérapie de Morita. » Après cette séance de don, nous échangeons un dernier salut puisque les congressistes abordent la dernière phase de leur séjour, hors de Kyoto. Occasion de remercier chaleureusement nos hôtes japonais et d’évoquer la coopération à venir, tout d’abord dans le cadre de la revue Psy Cause.
La journée du lendemain, 23 octobre, nous permet de voyager sur le sol japonais. Nous découvrons le célèbre TGV japonais, le Shinkansen qui couvre les 350 Km de Kyoto à Hiroshima en une heure et vingt minutes. Ce train est un précurseur puisque la première ligne a été mise en service en 1964. Son succès commercial avec le passage du cap des cent millions de passagers franchi en trois ans, a entrainé un développement considérable des lignes Shinkansen qui relient de nos jours les plus grandes villes des îles de Honshu et Kyushu. La vitesse maximale a connu une augmentation, passant de 210 à 320 km/h. Les congressistes qui font l’extension de Tokyo à partir du surlendemain, reprendront ce train entre Kyoto et Tokyo.
Le voyage en train nous permet de découvrir divers paysages du sud-ouest japonais, en particulier, de la mer intérieure du Japon. Bras de mer formé par l’espace entre plusieurs îles, que la voie ferrée à grande vitesse longe sur une grande partie du parcours.
À Hiroshima, c’est l’incontournable visite du musée de la bombe atomique qui a rasé la ville le 6 août 1945. Cet engin de mort, largué par un avion américain, explosa à 600 mètres d’altitude. La température au sol avoisina les 4000 degrés. La visite la plus émouvante est celle du seul bâtiment qui a résisté sous l’impact car l’effet de souffle y a été vertical. Nous partons ensuite pour l’île Miyajima et son sanctuaire sur pilotis hélas à marée basse. La perfection n’est pas de ce monde et le souffle du Zen a permis au groupe des congressistes de vivre la totalité de cette journée dans la bonne humeur. Ce fut une découverte bien intéressante de cette partie du Japon.
La journée du 24 octobre nous permet de visiter une charmante petite ville plutôt rurale qui est au cœur de la civilisation japonaise, Nara, qui fut la première capitale de 710 à 784, où s’élabora la culture spécifique du Japon, après intégration des apports chinois et coréens. Son vieux quartier traditionnel dans lequel nous avons déambulé, abrite des maisons de marchands et des boutiques traditionnelles des XVIII° et XIX° siècles en bois, qui n’ont guère changé depuis. Cette première capitale historique comporte plusieurs temples remarquables. L’un d’entre eux a été le clou de notre visite.
Il s’agit du temple Todai-ji qui renferme la plus grande statue de Bouddha en bronze du monde (quinze mètres de haut) dans la plus grande structure en bois du monde. Commandé en 743 par l’empereur Shomu, il fut achevé huit ans plus tard. De nombreuses destructions et reconstructions au fil des siècles ont ramené sa taille aux deux tiers de l’édifice original ! Quant à la statue de Bouddha à l’intérieur, selon la légende, elle fut coulée en bronze par plus de deux millions de Japonais, ruinant dans le même temps les réserves de métal de l’empire. Il témoigne à la fois de l’importance du bouddhisme aux tous débuts des temps historiques du Japon et de la puissance de l’état qui a commandité les travaux.
Nous terminerons ce dernier carnet du journal du congrès Psy Cause de Kyoto, par une évocation du dernier repas réunissant la totalité du groupe des congressistes français et canadiens, dans un restaurant traditionnel de Nara. Les deux organisatrices, le président et sa femme, sont rassemblés une dernière fois à la même table, avant de se séparer le lendemain, la Dr Patricia Princet continuant seule vers Tokyo avec les membres du groupe ayant choisi l’option Tokyo, tandis que la Dr Catherine Lesourd et le Dr jean Paul Bossuat avec sa conjointe, regagnent la France. Ce dernier repas est placé, comme la soirée anniversaire, sous le signe de l’harmonie et s’achève par un chant grec, chanté dans la langue hellène par une congressiste.
Ainsi s’achève dans le cœur historique de l’Empire du Soleil Levant, une nouvelle page de Psy Cause réussie. Puisse notre revue/association organiser dans les années qui viennent de tels moments d’échanges, de rencontre et de découverte.
Jean Paul Bossuat