Invitation à un vernissage à la clinique Van Gogh de Saint Rémy de Provence (14 septembre 2018)
Le Dr Jean Marc Boulon nous a adressé une invitation à un vernissage se déroulant le 14 septembre 2018 dans le cloitre de la clinique psychiatrique Van Gogh de Saint Rémy de Provence (ou Maison de santé Saint Paul), intitulé « L’art du partage » : « Nous serions très honorés de partager avec vous cet événement présentant les tableaux des artistes de Valetudo et des photographes de la school of visuel arts de New York autour de leur thème commun de l’année : L’art du partage. » L’atelier d’art-thérapie « Valetudo » est un espace thérapeutique très apprécié des patients de la clinique et connu à travers le monde. Il s’appuie aussi sur l’histoire de l’établissement marquée par le passage d’un patient célèbre : le peintre Van Gogh. Un musée reconstitue d’ailleurs la chambre de l’artiste et, sous sa fenêtre, reproduit à l’identique des champs immortalisés dans son œuvre.
Le Dr Thierry Lavergne, lui même très concerné par ce vernissage en tant que directeur de la cellule d’art thérapie de Psy Cause, mais retenu par une obligation incontournable, ce qu’il regrette beaucoup, ne peut faire le déplacement et charge le Président, le Dr Jean Paul Bossuat, de le représenter. Rappelons que le Dr Thierry Lavergne avait, en 2013, obtenu la possibilité de publier plusieurs œuvres du Valetudo, malheureusement en noir et blanc puisque notre revue n’avait pas encore intégré la couleur. Le Président et la Secrétaire représentent Psy Cause à ce vernissage. Pour le Dr Jean Paul Bossuat, cette venue n’est pas sans émotion puisque pendant de nombreuses années, il avait tissé des liens étroits avec la clinique Van Gogh, en tant que médecin chef du secteur psychiatrique de Chateaurenard / Saint Rémy de Provence.
La cérémonie de vernissage est introduite dans la chapelle de la clinique par un concert de violons suivi d’une allocution du « Maître de cérémonie » en la personne du Dr Jean Marc Boulon. Ce dernier expose les deux principes qui ont guidé l’organisation de cet événement : « changer le regard sur la psychiatrie » et « le partage ». Il précise : « quelque soit la maladie mentale qui atteint, qu’il s’agisse de la névrose ou de la psychose, il reste en chacun un souffle puissant d’humanisme et de créativité ». Et c’est, selon lui, le but de l’art-thérapie : donner vie et expression à cette potentialité. Ses propos sont ensuite illustrés par une chorale qui, par des chansons, donne vie à tout un panel d’émotions : « Prendre un enfant par la main » d’Yves Duteuil, « Le Sud » de Nino Ferrer, « Aller plus haut » de Tina Arena, « Hymne à l’amour » d’Edith Piaf, « Les copains d’abord » de Georges Brassens, « Mon mec à moi » de Patricia Kass, « On écrit sur les murs le nom de ceux qu’on aime » de Demis Roussos, « Toute la musique que j’aime » de Johny Halliday. Cette prestation met en avant la citation de Voltaire retenue par les organisateurs : « Le bonheur est souvent la seule chose qu’on puisse donner sans l’avoir et c’est en le donnant qu’on l’acquiert. »
Les participants sont ensuite conviés à visiter l’exposition dans le magnifique cloître Saint Paul. Ce cloître roman des XIème et XIIème siècles est un lieu de sérénité adéquat pour apprécier des tableaux des artistes du Valetudo mêlés à des photographies de la prestigieuse school of visuels arts de New York, choisis autour du thème commun du partage. Le voyage et la mixité des œuvres sont consubstantiels de la politique du Dr Jean Marc Boulon afin de changer le regard sur la psychiatrie. Mais également celui du malade mental lui même quant à son positionnement dans la communauté des êtres humains. Ce type d’événement est hautement interactif. Ce qui est partagé dans ce cloître, c’est avant tout une certaine essence commune de l’appartenance à l’humanité.
Attenante au cloître, la vaste salle d’art-thérapie est ouverte au pulic, laquelle met en scène l’atmosphère de travail du lieu et les œuvres réalisées par les patients. Cet atelier a été créé en 1995 et coordonné depuis, par le Dr Jean Marc Boulon. Il est soutenu par l’association gestionnaire de l’établissement, en convention de partenariat avec l’association Valetudo (du nom de la déesse romaine de la santé). Cette dernière est constituée par des soignants bénévoles de la clinique et des patients ou anciens patients de cette dernière.
Elle répondrait, selon les animateurs de cette association, au rêve de Van Gogh exprimé à plusieurs reprises dans ses lettres à son frère Théo, celui de créer une association d’artistes dans le midi. Van Gogh écrivait ainsi en mars 1888 : « Les artistes ne trouveront pas mieux que de se mettre ensemble, de donner leurs tableaux à l’association, de partager leur prix de vente de telle façon du moins que la société garantisse la possibilité d’existence et de travail de ses membres. » La référence est plaisante même si le rêve en question traduisait l’incapacité du grand artiste à vivre de ses œuvres. Et si sa venue dans la maison de santé était la conséquence d’une grave (et mortelle) souffrance existentielle. Elle valorise quoiqu’il en soit l’un des objectifs de l’atelier d’art-thérapie, à savoir d’être un vecteur de cette reconnaissance qui, fort injustement, avait fait défaut à Van Gogh qui en avait tant besoin pour, tout simplement, vivre. La « revalorisation narcissique » est l’un des buts de l’association Valetudo.
La visite de l’atelier est orchestrée par la psychologue clinicienne intervenante dans ce lieu de création, Mme Christelle Rivera. Nous parlons avec elle de la revue Psy Cause qu’elle connait. Nous l’informons que désormais notre revue peut publier des œuvres de patients en pleine page et en couleur, dans une rubrique prévue à cet effet (animée par le Dr Thierry Lavergne). Nous n’avions hélas pas ces possibilités techniques lorsque, du N°63 au N°66, sur une année (2013/2014), nous avons publié quelques œuvres issues de l’atelier. Nous l’assurons que désormais, nous pourrons le faire dans des conditions satisfaisantes. Et que, bien entendu, nous sommes à la disposition de l’atelier Valetudo. Ce dont notre interlocutrice prend acte avec beaucoup d’intérêt.
À la sortie de l’atelier, de retour dans le cloître Saint Paul, nous rencontrons le Dr Jean Marc Boulon en conversation avec diverses personnalités. Il présente à ses interlocuteurs le « directeur et fondateur de la revue Psy Cause » devenue, selon ses dires, une grande revue internationale. Nous lui exposons la place bien affirmée de l’art-thérapie dans notre revue, et notre disponibilité pour publier des œuvres en provenance du Valetudo selon des modalités désormais optimales, permises par l’évolution technique du support. L’art-thérapie est un champ de la revue Psy Cause en cours de développement et la présence de membres de notre exécutif à ce vernissage en est une illustration.
Jean Paul Bossuat
Chers amis et confrères Jean Paul Bossuat et Thierry Lavergne
Le professeur Marie Cardine fut le responsable de l’enseignement de ma formation psychiatrique lyonnaise. Il insistait sur la nécessité d’articuler notre pratique professionnelle avec la passion de nos centres d’intérêts en lien avec notre histoire personnelle. Votre présence et votre pertinent article sur le vernissage 2018 de Valetudo dans Psycause montre combien vous avez perçu mon engagement dans ce projet d’art thérapie créé en 1995 intégrant de manière élargie l’art et la culture dans le soin, projet animé avec passion avec une partie du personnel bénévole de la maison de santé saint Paul en étroite collaboration avec mes confrères Richard Brunner et Maxime Chatalain. Je vous en remercie chaleureusement.
L’association Vivre et devenir de Villepinte gèrent depuis 2017 l’établissement. Elle soutient l’atelier-galerie de Valetudo avec la même bienveillance que l’association saint Paul qui a fusionné avec elle. 80 000 visiteurs ont cette année contemplé les œuvres de nos artistes.
A mon tour je tiens à vous féliciter et remercier pour la création de PsyCause et la dimension internationale que vous avez donnée à cette revue. Non seulement chaque numéro est toujours de grande qualité pour les professionnels du soin psychiatrique mais PsyCause a crée des liens solides, des collaborations efficaces entres psychiatres, entre institutions psychiatriques publiques, privées et associatives. Ceux qui existaient à l’époque de vos fonctions de chef de service du secteur psychiatrique de saint Rémy au CHS de Montfavet, ou au centre hospitalier psychiatrique de Pierre feu du Var et la maison de santé saint Paul sont restées intactes. Ils contribuent de manière précieuse à l’adéquation qui existe entre les problématiques des patientes et la spécificité des établissements qui les accueillent, à la qualité de leurs parcours de soins.
Encore merci et bravo
Très amicalement et très confraternellement
Jean Marc Boulon