Des nouveautés dans la rubrique « Anciens Numéros »
Le bureau de Psy Cause International a réfléchi sur la question de l’accès aux anciens numéros mis en ligne sur notre site. Nous avons travaillé sur des solutions pour mieux diffuser la revue Psy Cause auprès d’un lectorat susceptible d’être intéressé par les thèmes abordés dans nos numéros. Ce lectorat correspond à deux catégories de professionnels : ceux qui effectuent des recherches à l’aide de mots clés et nous découvrent, d’une part, et ceux qui nous connaissent mais exercent dans des pays où la monnaie n’est pas ou est difficilement convertible. Il est donc opportun de développer une vaste zone d’accès gratuit.
Notre revue n’est pas seulement accessible sous une version numérisée, elle est également imprimée. Nous avons fait le choix non seulement de conserver la version papier mais, de plus, de l’améliorer en généralisant la couleur et en modernisant la maquette. (Voir ci contre une page du N°69). Nous avons considéré que ce choix valorise le travail des auteurs et n’est pas sans incidence dans le contexte d’un jury de concours. Il permet également de publier des œuvres d’art réalisées par des malades ou par des artistes, travaillant dans les ateliers d’art des institutions de soins. Le plaisir de lire une belle publication ne se cantonne pas dans les tablettes ou les téléphones numériques. C’est toute la question de l’équilibre et de la complémentarité entre les supports. L’Egypte antique, qui avait connu la révolution de l’invention de l’écriture, excellait dans la coexistence du papyrus à large diffusion mais fragile, et de la « pierre d’éternité » des parois des lieux sacrés, pour l’inscription d’un même texte. Mais la contrepartie de notre choix est la nécessité d’un financement.
Nous avons donc décidé l’accès gratuit et sans condition à tous nos anciens numéros numérisés jusqu’au N°67 qui est celui du dernier trimestre de l’année 2014. Les Numéros quadrimestriels 68 et 69 ne sont accessibles que pour les abonnés qui en recevront la version PDF sur simple demande. Nous maintenons un temps de latence d’une année entre le numéro en cours et le dernier numéro en accès gratuit. Lorsque nous atteindrons le N°71, nous mettrons en ligne le N°68.
Cela ne nous empêche pas de poursuivre la numérisation des premiers numéros fabriqués en un temps où la révolution internet n’avait pas encore donné toute sa mesure et pour lesquels il convient de scanner chaque page. C’est un travail de longue haleine pris en charge par Psy Cause et qui pourra être accéléré au rythme de l’accroissement de nos moyens. En ce mois de février 2016 (depuis le 16 février), nous mettons en ligne le N°10. Ce numéro, c’est 130 pages à scanner, à ajuster et à mettre ensemble. Un travail effectué conjointement avec notre informaticien tunisien chargé de la maintenance du site, Mr Mouez Ouiriemi.
Ce N°10 du dernier trimestre 1997 témoigne de la richesse des pratiques soignantes dans les hôpitaux du sud est de la France à cette époque, il y a 19 ans. La psychiatrie de secteur et la psychothérapie institutionnelle, étaient alors portées par de nombreux psychiatres.
Les deux éditoriaux de ce N°10 portent un diagnostic contrasté sur la situation de l’époque. Le directeur de la revue, le Dr Jean Paul Bossuat, évoque une grève très suivie qui avait, en début d’année au Centre Hospitalier de Montfavet (Avignon), uni « pour la première fois dans l’histoire de l’établissement, médecins et infirmiers, dont le motif principal était la déstabilisation de la quasi totalité des Chefs de Secteur et d’Intersecteur de l’hôpital. » Il pointe là le symptôme d’un changement susceptible de remettre en cause le fonctionnement de la psychiatrie publique. Le second éditorial, écrit par le rédacteur en chef, le Dr Thierry Lavergne, constate, à l’époque déjà, que la forme semble avoir pris le pas sur le fond : « il semble aujourd’hui presque subversif de s’interroger sur la ronde des signifiants du secteur rythmée par le succès des soins de proximité (…) ».
Sur les sept articles de la première partie du numéro (Psy Cause I : pratiques sur le terrain), quatre sont une référence à un fonctionnement institutionnel. Le premier analyse un problème de travail en équipe face à un enfant dans un centre de jour pédopsychiatrique du Centre Hospitalier Montperrin (Aix en Provence), selon une lecture systémique.
Le second porte sur l’Atelier de Thérapie Institutionnelle Michel Silvestre, structure intrahospitalière du Centre Hospitalier de Montfavet (Avignon), alors en marge de la psychiatrie de secteur et retour aux sources de la psychothérapie institutionnelle même si son dispositif n’est pas centré sur la psychose : il s’agit « de situer dans le dispositif de l’hospitalisation temps plein, le recours à des soins de journée dans le cadre d’un groupe ayant un encadrement spécifique et repérable donc structurant, de considérer qu’un travail de fond peut être justement à l’occasion d’un temps de rupture d’avec le milieu dans lequel le patient a décompensé. » (Jean Paul Bossuat, pages 10 et 11). Cet article relève (page 11) un témoignage de la psychanalyste Danièle Silvestre sur son mari (décédé en 1985), lors de l’inauguration de la structure le 11 septembre 1993. Michel Silvestre eut sa première rencontre avec la psychiatrie « en 1964, comme interne dans le service du Dr Bonnafé ; ceux qui connaissent ce nom, voient que cela forcément marque un parcours. À cette époque là, c’était un service dans un très vieil hôpital de la grande banlieue parisienne. C’était un service « hospitalier » (je joue sur les mots) dans un asile épouvantable. C’était le choix d’une certaine psychiatrie et vous connaissez les liens qu’avait le Dr Bonnafé avec la psychiatrie institutionnelle, la psychiatrie de secteur, etc… Ayant cessé d’exister dans les institutions psychiatriques à partir de 1975, Michel Silvestre, psychanalyste, s’est longtemps inscrit dans l’hôpital ».
Le troisième article est un mémoire infirmier de fin d’études qui étudie le fonctionnement d’une unité de soins représentative de la psychiatrie de secteur et dépendante du Centre Hospitalier de Montfavet : le Centre d’Accueil Psychothérapique du Pays d’Apt (CAPPA). Le quatrième article traite du projet thérapeutique en référence à la psychothérapie institutionnelle, d’une unité de soins intrahospitalière (du Centre Hospitalier de Montfavet) pour la réinsertion de patients chroniques : le Phénix.
Le numéro s’achève par une longue rubrique d’actualité sur des événements scientifique dans le Sud Est de la France. Une mention particulière pour un colloque très original (pages 98 à 104) sur la mort, organisé au Palais des Papes le 23 octobre 1997. La grande salle de congrès, dite du conclave, d’une capacité de mille personnes, était pleine. Les Pompes Funèbres Roblot, les organisateurs, avaient rassemblé des psychiatres, des médecins spécialisés dans les soins palliatifs, diverses associations agissant dans les hôpitaux auprès de patients en fin de vie, et des religieux. Citons l’association l’Autre Rive qui accompagne l’antenne mobile de soins palliatifs d’Avignon et qui expliquait qu’elle avait été créée en 1991 à l’initiative d’un groupe de personnes « dont certaines, comme c’est souvent le cas en soins palliatifs, avaient été confrontées à des deuils pénibles. Leur objectif commun était de faire changer tout cela, d’œuvrer ensemble pour que le phénomène de la mort devienne plus humain, plus accompagné dans le domaine médical par le soulagement des souffrances du malade, et dans un champ relationnel interhumain où la souffrance de la famille et des proches puisse être prise en compte. » Ajoutons la citation par le journaliste des Pompes Funèbres Roblot, d’un commentaire écrit d’une famille qui donne le ton : « le service des pompes funèbres a été très bien, en revanche, le personnel religieux : désastreux. » (Page 102).
Nous allons donc poursuivre ce travail de numérisation qui est un travail de mémoire.
Après validation par le bureau de Psy Cause International
Jean Paul Bossuat