Colloque CHOG et Psy Cause de Saint Laurent du Maroni (20 et 21 mars 2017).
Les deux journées de colloque se sont déroulées juste avant le déclenchement de la grande grève guyanaise (le lendemain de la clôture). Ce colloque a beaucoup mobilisé parmi les professionnels guyanais. Son thème : « Soins et culture(s) en santé mentale”.
La génèse du projet de colloque
Il nous apparait opportun de rappeler les conditions mêmes de la naissance du projet. Les dirigeants de Psy Cause International avaient alors répondu à un appel de Mr Pascal Schindelholz, cadre infirmier dans le pôle de psychiatrie du Centre Hospitalier de l’Ouest Guyane (CHOG). Ce dernier, qui fut l’un des principaux organisateurs pour Psy Cause, à Papeete où il était alors en fonction, de notre congrès à Tahiti en 2006, après un retour en métropole, venait de partir une seconde fois pour l’Outre Mer. Il nous écrivait le 23 juillet 2014 : « je me sens à des années lumières des préoccupations métropolitaines (…) J’ai le sentiment d’être dans un quart monde oublié par la France en matière de soins psychiatriques, avec (…) rareté des personnels, inadéquation des lits, bref, des carences et au delà en tous genres. Je me sens en décalage, les mains dans le cambouis pour faire fonctionner un moteur dont on se demande s’il pourra fonctionner un jour. La misère des populations, qui ont pourtant un passeport européen, est trop criante pour ne pas s’y centrer dessus (…) » Il nous précisait aussi que cette première impression correspondait au choc d’une prise de contact avec un terrain nouveau pour lui, et qu’il y aurait lieu de la réévaluer par la suite. Et, effectivement, son regard sera rapidement positivé par une dynamique, très créative et très évolutive dans cet hôpital (d’ailleurs en pleine reconstruction), tant au niveau des soignants que des administratifs, qui ne demande qu’à être reconnue et encouragée.
Psy Cause a alors pris la décision de répondre à cet appel (qui n’est pas sans écho avec l’actualité) et de promouvoir un colloque à Saint Laurent du Maroni afin de mettre en lumière le travail des équipes de psychiatrie de l’ouest guyanais qui, avec de faibles moyens, font un boulot original et créatif en relation avec les spécificités des populations traitées. Une délégation de deux membres dirigeants de Psy Cause, dont le président, le Dr Jean Paul Bossuat, effectue en mars 2016 une visite à Saint Laurent du Maroni et sur le fleuve Maroni (Grand Santi). Notre visite nous permet de découvrir concrètement des équipes très engagées, très investies, ainsi qu’une direction particulièrement concernée par la psychiatrie et imaginative. Nous avons retrouvé notre interlocuteur Pascal Shindelholz convaincu de l’intérêt du projet thérapeutique dans lequel il s’est bien intégré, dont les potentialités ne demandent qu’à s’exprimer lorsque (et si) les moyens viendront pour faire face aux besoins d’une population multiethnique en pleine explosion démographique. Le projet de manifestation scientifique est discuté avec la direction et les équipes. La décision est prise d’un colloque en mars 2017.
Le projet s’est concrétisé sous la forme d’un partenariat entre le Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais, maître d’œuvre, et Psy Cause. Il s’est réalisé les 20 et 21 mars 2017, piloté à Saint Laurent du Maroni par la Dr Linette Tedongmo, Chef du pôle de psychiatrie et par Mr Pascal Schindelholz. Ce premier volet a pour objet, dans un délai minimum compte tenu du contexte, de communiquer à nos lecteurs des premiers retours. Nous entrerons ensuite, plus dans le détail du contenu du colloque avec, sur le site le mois prochain, nos prochains volets, et, courant 2017, la publication des communications dans la revue Psy Cause sous la forme d’un dossier spécial Guyane.
Mr Pascal Schindelholz, responsable du comité d’organisation, bien que confronté en ce moment à une situation complexe avec des congressistes venus des Antilles ou de France métropolitaine et retenus en Guyane, a pris le temps de nous écrire le texte ci après, et de nous communiquer des premières photos.
Jean Paul Bossuat
Premières informations sur le déroulement du colloque
« Nous avons dépassé les 180 présents le 1er jour. Nous avons touché les agents du Centre Hospitalier Ouest Guyanais bien sur, mais aussi la Maison des adolescents de Saint Laurent du Maroni, l’ASE, le Groupe Guyanais de prévention du suicide, le Centre Hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, l’éducation nationale, le Centre Médico-Chirurgical de Kourou, l’ADPEP (Association Départementale des Pupilles de l’Enseignement Public), la FHF Guyane. Une quinzaine d’institutions étaient représentées. Nous avions aussi ouvert le colloque à nos voisins surinamais venus une dizaine avec deux communications qu’ils nous ont offertes.
Coté communicants justement : le pôle de psychiatrie de Saint Laurent du Maroni, mais aussi celui de l’est guyanais, le CSAPA (Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) de Saint Laurent du Maroni, venu avec des usagers pour quelques saynètes relatives à l’addiction, l’association Mama Bobi (“le sein de la mère” en langue nengué tongo) venu nous parler des adolescents difficiles, le regard d’une anthropologue sur le suicide des amérindiens… difficile de citer tout le monde.
Pas de fierté mais la satisfaction d’avoir pu réunir tant d’énergies, de se rencontrer aussi simplement, aiguillonnés par le regard et l’expérience du Dr Said Ibrahim et Alice Athénour, venus de la maison des mondes à Marseille pour partager nos réflexions et interrogations.
Pascal Schindelholz »
Ci contre, une photo des discours d’ouverture avec, de gauche à droite : Mr Jean Mathieu Defour, Directeur du Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais ; Mme Cathia Anatole, Présidente de la FHF Guyane ; Mr Léon Bertrand, Maire de Saint Laurent du Maroni ; la Dr Linette Tedongmo, Chef du pole Psychiatrie au CHOG, Mr Jean François Launay, responsable de la Maison des adolescents à Saint Laurent du Maroni ; Mme Nathalie Massé, psychologue membre du Copil colloque.
Le livre d’or mis à disposition note une satisfaction totale des participants pendant le colloque. Certains ont noté la richesse des communications et d’autres très peu d’ailleurs le temps des questions court.
Merci à tout le copil.