« Analuein », le journal de la FEDEPSY
Les liens entre Psy Cause et la Fédération Européenne de Psychanalyse sont une longue histoire et c’est très logiquement que son journal d’information « Analuein » (N°24 de juillet 2015) vient de nous parvenir à notre siège social avignonnais. La FEDEPSY est une émanation de l’Ecole Psychanalytique de Strasbourg et est reconnue comme OING auprès du Conseil de l’Europe.
Le dernier article de ce numéro d’Analuein précise que « la FEDEPSY est une OING participative de la Conférence des OINGS du Conseil de l’Europe, c’est à dire qu’elle est en droit de voter lors de l’assemblée plénière et de participer aux groupes de travail proposés par les différentes commissions : Droits de l’Homme, Démocratie, Education et Culture. » La représentante de la FEDEPSY au troisième forum mondial de la démocratie qui se déroule le 3 novembre 2014 à Strasbourg dans l’hémicycle du Conseil de l’Europe, rend compte de la teneur des exposés et échanges. Elle résume le discours d’ouverture de l’économiste américain Jeremy Rifkin : « les inventions de Gutenberg, puis le télégramme et le train ont créé les états nations. La deuxième révolution s’est faite grâce au pétrole et aux nouveaux réseaux de transport (…) Nous sommes à l’aube d’une troisième révolution. Internet a permis l’installation de capteurs partout, qui contrôlent tout et envoient des informations en continu. (…) Notre société de consommation devient une société de partage. » Au niveau des débats, la représentante de la FEDEPSY se déclare touchée par l’enthousiasme et le désir de la jeunesse africaine : « il y avait de la spontanéité et cet élan qui fait l’espoir de ce continent en pleine transformation. » Psy Cause est actuellement très engagée et investie sur ce continent, et cela, bien entendu, a du sens.
La question de la première révolution fut au cœur du compte rendu de notre congrès de mai 2011 à Pribor, la ville natale de Sigmund Freud en République Tchèque. Notre secrétaire de rédaction à l’Europe était alors le Dr Jean Yves Feberey, psychiatre et psychanalyste à Nice. Il nous confiait que les gares et les chemins de fer étaient pour lui un signifiant important. La visite de la gare de Pribor, à l’occasion de sa venue au congrès, s’était imposée à lui qui écrivait : « Rappelons aussi que Příbor a une gare, toujours bien desservie, et que c’est sans doute de là que Freud est parti avec sa mère pour Leipzig, épisode qu’il évoque dans sa lettre du 3 décembre 1897 à Fliess (n°77, PUF, 1979). » Dans le même temps, il nous adressait, pour publication, une photo de lui-même dans le contexte ferroviaire. Nous écrivions alors sur le site : « Après la gare de Perpignan, la gare de Pribor… Tout un symbole. Après l’invention de l’imprimerie, ce fut au XIX° siècle l’invention du chemin de fer : un formidable outil de communication et de rencontre, basé sur le mouvement et le déplacement, déjà une métaphore du fonctionnement de l’inconscient. En tout cas un puissant outil des révolutions : celle des idées avec le surréalisme qui influença fortement Dali, ou le bolchevisme véhiculé par Lénine dans son wagon plombé. Avec le XXI° siècle, nous avons internet qui abolit les distances, instaure une circulation immobile… et de nouvelles révolutions. » Le Dr Jean Yves Feberey nous avait envoyé un compte rendu de notre colloque, principalement destiné à la FEDEPSY avec laquelle, en tant que psychanalyste engagé dans la dimension européenne, il avait des liens importants. Il concluait son exposé : « Voilà ce que nous pourrions dire, en résumé, de ce « pèlerinage à Příbor », qui nous a permis de faire un état des lieux à la fois recentré et délocalisé de la psychanalyse, dans un dialogue fructueux avec nos collègues tchèques, qui ont accueilli avec beaucoup de sympathie chaleureuse et d’intérêt cet étonnant équipage venu de si loin… Nous les attendons en tout cas en France, et l’École Psychanalytique de Strasbourg ne sera pas en reste pour les accueillir à son tour. »
L’éditorial de ce numéro 24 d’Analuein, est un hommage à Elsa Cayat, psychiatre et psychanalyste, assassinée dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Elle était « en lutte contre la croyance aveugle, celle qui autorise tous les abus et est à l’origine de bien des souffrances. Elle était « non-dupe » et s’employait à permettre aux autres de le devenir. » Analuein publie à la suite un texte d’Elsa Cayat : « En quoi la fétichisation de la science par la technocratie aboutit-elle à la négation de l’homme et à l’éradication de la pensée ? ». Elle y dénonce les travers des classifications DSM et CIM : « ces classifications voudraient nous faire rentrer dans l’univers réifié du psychiatre technicien-technicisé (…) où disparaît de l’homme toute intériorité dès lors que la pensée, le langage, la souffrance et donc le corps sont niés (…) »
Cela nous renvoie à nos débats animés au sein de Psy Cause sur l’EBM et le DSM à l’époque du congrès de Pribor ainsi que dans les années qui l’ont immédiatement précédé (à relire sur notre site). Cette question du « non-dupe » concerne également Psy Cause car l’aveuglement peut être en action dans toute institution composée d’êtres humains. Elle n’a cessé d’être au cœur de la pensée du président-fondateur de la FEDEPSY, le Pr Jean-Richard Freymann. À l’invitation de Mme Marie José Pahin, cadre historique de Psy Cause, notre revue était présente le 30 avril 1999 à l’hôpital de la Timone à Marseille , pour une soirée orchestrée par la FEDEPSY. Le Dr Moïse Bénadiba, pédopsychiatre à l’hôpital Valvert de Marseille, encore aujourd’hui membre d’honneur de Psy Cause et représentant de la FEDEPSY à Marseille, présentait le Pr Jean-Richard Freymann en ces termes : « celui qui aime à étudier dans la multitude, a la récolte. » Ce dernier démarrait son exposé par ce constat : « La structure d’endormissement de la psychiatrie est le reflet de la chute idéologique du monde contemporain. Elle se réduit à la structure du langage binaire 0-1 qui est devenu celui de la psychiatrie. » En 2004, la revue Psy Cause était de nouveau présente pour rendre compte d’une conférence du Pr Jean-Richard Freymann, cette fois-ci au Centre Hospitalier Édouard Toulouse à Marseille, lieu d’exercice de Mme Marie José Pahin qui aura été le pivot d’un lien avec la FEDEPSY, lequel aura débuté ce 30 avril 1999.
Jean Paul Bossuat
Lien pour le site de la FEDEPSY : http://www.fedepsy.org