À propos des vœux 2012 du Dr Jan Cimicky
L’humour occupe une grande place dans la culture tchèque, en particulier à Prague où le Dr Jan Cimicky exerce la psychiatrie. Il est Rédacteur de Psy Cause depuis la création de notre revue, il y a 17 ans. Ses vœux de nouvelle année ne dérogent pas à cet exercice humoristique. La légende de son dessin est (traduite en Français) : “Pour économiser les finances en 2012, on ne nous permet de soigner que des malades de petite taille…”.
Son hôpital de jour privé appelé « Modra Laguna », porte le nom d’une lagune minuscule de couleur bleue, de la taille d’une grande bassine, située à un angle d’un petit jardin, à la manière japonaise. C’est que le Dr Jan Cimicky s’intéresse aux thérapies asiatiques et pratique l’acuponcture parmi les prises en charge qu’il propose à ses patients.
Formé dans les pratiques institutionnelles à l’hôpital de jour de la MGEN à Paris, élève de Sivadon, il s’est tourné vers la création de son hôpital de jour praguois après la révolution de velours (la chute du régime communiste) tout en jetant un regard critique sur l’application de l’économie de marché à la psychiatrie. Il écrit ainsi dans Psy Cause en 2009 : « Après la révolution de velours, le financement de la santé était repris par des assurances qui ont conçu leur plan et refusaient de financer les affaires « secondaires » surtout là où il n’était pas possible de décrire, « de mesurer ou de peser » l’effet immédiat. » En jeu étaient des maisons d’hébergement et de soin, des appartements thérapeutiques et des logements sécurisés qui épaulaient les patients pour leur vie sociale après la sortie des institutions de soins. « Dans les années 1980, le développement de ces activités fut freiné et retardé alors que l’État décidait de les mettre à la charge des associations civiques bénévoles » lesquelles manquaient d’argent. Ces activités disparaissaient et n’étaient maintenues qu’occasionnellement lorsqu’une fondation pouvait donner un soutien financier. L’Église, aussi, a pu ouvrir des lits en nombre insuffisant pour « les malades de longue durée » déficitaires.(1)
Une autre dimension dans la Tchéquie de Vaclav Havel, est la place incontournable de la littérature qui est pratiquée par un grand nombre de psychiatres. Le Dr Jan Cimicky est l’auteur de nombreux ouvrages littéraires tels qu’un guide pour découvrir Paris et que plusieurs romans. On les trouvent exposés à l’accueil de son hôpital de jour. Lors du voyage/congrès de Psy Cause en République tchèque, de mai 2011, il fut l’animateur à Prague d’une soirée dans la bibliothèque de la fondation Kafka sous la houlette de l’académie de la littérature tchèque, consacrée à des œuvres littéraires de professionnels tchèques de la psy. En 2008, le Dr Jan Cimicky confie dans Psy Cause qu’il était intéressé par la création littéraire avant d’être psychiatre et que cet intérêt l’a accompagné dans l’exercice de sa profession : « Il y a 35 ans, je me suis spécialisé et j’ai commencé à travailler en psychiatrie. En même temps, j’ai continué ma création littéraire tout en collaborant avec de nombreux médias, notamment la radio tchécoslovaque. Le travail à la radio représentait pour moi une grande école de communication. » Dans son article, il évoque son intérêt pour l’écrit chez le patient.(2)
Le Dr Jan Cimicky fut d’abord un humaniste avant d’être un psychiatre.
Jean Paul Bossuat
(1) Jan Cimicky et Omar Mounir, « Le phénomène de la maladie de sortie de l’hôpital », revue Psy Cause N°55, pages 42 à 44.
(2) Jan Cimicky et Omar Mounir, « Demande ou non demande ? », revue Psy Cause N°51, pages 38 à 40.